"C'est une insulte, ils le font exprès, pour nous humilier". "Ils", ce sont les autorités de la République Serbe de Bosnie. "Nous", ce sont les Bosniaques. Nous sommes à Bratunac, en Bosnie-Herzégovine, à quelques kilomètres de Srebrenica, devant le mémorial consacré à 8372 victimes musulmanes, tuées par les forces serbes en juillet 1995. Fatima, la femme qui s'exprime, est employée dans le magasin de souvenirs qui, à l'entrée du mémorial, vend foulards, chapelets musulmans, livres et DVD sur Srebrenica.
L'objet de sa colère: une construction inachevée de briques rougeâtres, au-dessus du mémorial, à quelques centaines de mètres. Il s'agit d'une chapelle orthodoxe, dont la construction a heurté les Bosniaques musulmans de la région, et qu'ils sont parvenus, par leurs protestations, à faire interrompre. "C'était une vraie provocation", souligne Abdullah Purkovic, assis tout en haut de la ville désormais à moitié vide de Srebrenica.
En matière de provocation, Abdullah Purkovic s'y...