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Suède: la gauche triomphe, percée de l'extrême droite

Les élections législatives de dimanche ont vu l'opposition de gauche remporter la majorité, tout en enregistrant une poussée historique de l'extrême droite.

14 sept. 2014, 22:49
Le dépouillement des élections législatives suédoises.

Selon des projections réalisées par la télévision publique SVT à partir du dépouillement dans 57% des bureaux de vote du pays, les sociaux-démocrates seront en tête avec 31,2% des voix. Un tel résultat permettrait à leur chef de file Stefan Löfven, 57 ans, d'être appelé à former un gouvernement.

"Cela fait très plaisir", a déclaré à l'AFP la secrétaire du parti Carin Jämtin. Mais l'ancien ouvrier et syndicaliste semble en passe de devenir le Premier ministre le plus mal élu de l'histoire de son parti.

Percée de l'extrême droite

La principale raison en est la progression impressionnante des Démocrates de Suède (SD, extrême droite), qui vont devenir le troisième parti du pays avec quelque 13,0% des voix, contre 5,7% il y a quatre ans.

C'est un nouveau triomphe pour leur président Jimmie Åkesson, 35 ans, qui a fait de cette formation anti-immigration, autrefois marginale dans l'électorat, une force qui compte.

"Nous sommes très heureux", a souligné le président du groupe parlementaire SD, Björn Söder, interrogé par l'AFP. "Nous sommes aujourd'hui le seul parti d'opposition en Suède puisque tous les sept autres partis pensent plus ou moins pareil".

Frappés d'ostracisme

"Ce que nous voyons, c'est un parti des Démocrates de Suède qui s'implante dans le paysage politique", a déploré le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt, interrogé par l'agence de presse TT.

Cependant, les Démocrates de Suède restent frappés d'ostracisme par les sept autres partis du Riksdag (parlement), qui ont exclu de discuter avec eux.

La progression de ce parti rappelle celle d'autres formations d'extrême droite ou de droite populiste en Europe, comme Ukip en Grande-Bretagne, qui siège dans le même groupe au Parlement européen, le Front national en France et le Parti populaire danois.

Pas de majorité absoluea

Selon les projections de SVT, les sociaux-démocrates, les Verts et le Parti de gauche totalisent 43,7% des suffrages, ce qui ne leur permettrait pas d'obtenir une majorité absolue.

Ils devanceraient nettement la coalition de centre-droit au pouvoir, dont les quatre partis totaliseraient 39,1% des voix.

D'après SVT, le parti Initiative féministe, très à gauche, ne pourrait pas entrer au Parlement, ne récoltant que 3,2% des voix alors que 4% sont nécessaires.

Ces élections sonneront ainsi la fin du règne du Premier ministre Fredrik Reinfeldt, 49 ans, qui occupe ce poste depuis huit ans. Crédité d'un bon bilan économique, il a été victime de l'usure du pouvoir après des réformes d'inspiration libérale.

Tractations complexes

"C'est agréable de voter pour un changement dans la vie politique suédoise", a déclaré Stefan Löfven à la presse après avoir glissé son bulletin dans l'urne à Stockholm en matinée. Le probable nouveau dirigeant de la Suède devrait profiter de la bonne santé de son économie et de ses finances publiques.

Mais les tractations pour composer son équipe gouvernementale s'annoncent complexes avec ses deux alliés naturels, les Verts et le Parti de gauche, sur des sujets sensibles comme la défense, l'énergie nucléaire et l'urgence qu'il y aurait à défaire les réformes du gouvernement précédent.

Les Verts et le Parti de gauche n'ont même pas dit clairement s'ils briguaient ou non des portefeuilles ministériels.

Politique d'immigration

Le mécontentement que traduit le vote pour les Démocrates de Suède est un autre défi de taille pour M. Löfven, porté à maintenir la généreuse politique d'immigration qui devrait attirer plus de 80'000 réfugiés en Suède cette année, pour une population de 9,7 millions d'habitants.

Les électeurs des SD sont des Suédois qui se sentent abandonnés par les partis traditionnels et qui n'apprécient pas le consensus en faveur de l'immigration de mise à Stockholm.

"Fondamentalement, ils sont issus des classes populaires, de tout âge, et des hommes pour les deux tiers", relève Anders Sannerstedt, politologue. "Ce ne sont pas des exclus, ce sont des Suédois ordinaires".

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