Coincé entre deux bras d'autoroute, au milieu de la zone industrielle de Vilvorde mouillée par une interminable pluie d'automne, le hangar, gigantesque, a une allure sinistre. De cette usine désaffectée à quelques kilomètres au nord de Bruxelles, on a même ôté le célèbre losange et les sept lettres du logo, dénuant par-là le site de la dernière trace de son glorieux passé.
Difficile d'imaginer qu'il y a encore seize ans, ce bâtiment était une fourmilière dans laquelle grouillaient chaque jour 3500 travailleurs, occupés à assembler des voitures Renault qu'ils envoyaient ensuite vers toute l'Europe. En 1992, Renault avait investi l'équivalent de 200 millions d'euros dans cette usine.
Mais un matin de février 1997, la direction du constructeur automobile français avait brusquement réveillé ses employés et surpris tout le monde avec une terrible annonce: l'usine allait fermer, entraînant la perte de 3100 emplois. Pendant des mois, les ouvriers de Renault-Vilvorde avaient...