Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) retiennent en otages au moins 50 civils capturés lors d'un raid il y a dix jours contre un village dans le centre de la Syrie, a rapporté vendredi une ONG. Les civils ont été kidnappés à Maboujé, dans la province centrale de Hama. Par ailleurs, un quartier d'Alep a été bombardé par les rebelles.
Cet enlèvement de civils n'avait jusqu'ici pas été divulgué afin de ne pas compromettre les négociations en vue de la libération des otages. Mais elles ont échoué depuis, a indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, qui s'appuie sur un réseau de contacts en Syrie.
Dix otages, dont six femmes, sont des ismaéliens, un courant minoritaire de l'islam chiite. Les 40 autres sont des sunnites, dont au moins quinze femmes. "Il y a des craintes que les femmes aient été traitées en esclaves", a indiqué M. Abdel Rahmane.
Des sunnites, des ismaéliens et des alaouites, une autre branche du chiisme dont est issu le président syrien Bachar al-Assad, vivent dans le village de Maboujé situé à l'est de la ville de Hama.
Le 31 mars dernier, les djihadistes de l'EI avaient exécuté au moins 37 civils à Maboujé, dont deux enfants. Selon l'OSDH, ces civils avaient été "brûlés, décapités et on avait tiré sur eux".
L'OSDH a d'autre part fait état de l'explosion vendredi d'une voiture piégée dans le quartier alaouite de Hay al-Arman à Homs, dans le centre de la Syrie, faisant au moins un mort et dix blessés, sans indiquer cependant qui était l'auteur de cette attaque. La télévision officielle syrienne a accusé des "terroristes", désignant les rebelles opposés au régime de Bachar al-Assad. Hay al-Arman, contrôlé par le régime, est un fief des milices pro-gouvernementales.
Alep sous les bombes
Toujours selon l'Observatoire, les rebelles syriens ont bombardé dans la nuit de vendredi à samedi un quartier d'Alep, la deuxième ville de Syrie, tenue par les forces gouvernementales. L'OSDH a indiqué que cinq personnes avaient été tuées dans le quartier de Souleimaniyah. Les médias officiels parlent, eux, de huit morts et de dizaines de personnes coincées sous des décombres.
Un dignitaire religieux, le grand mufti Ahmed Badr al Dine al Hassoun, a appelé à la télévision syrienne à la destruction totale des zones sous contrôle rebelle d'où les obus ont été tirés. "Nous informons les civils, qu'ils soient ou non des sympathisants (des insurgés), qu'ils doivent quitter la zone", a-t-il déclaré.
Aéroport militaire visé
Par ailleurs, les forces gouvernementales auraient repoussé une attaque de l'EI contre un aéroport militaire clé dans le sud de la Syrie, une bataille qui a fait 35 morts, a encore indiqué samedi l'OSDH. L'aéroport de Khalkhala est le seul aéroport militaire dans la province méridionale de Soueida, jusque-là largement épargnée par le conflit qui ravage la Syrie depuis quatre ans.
Cet aéroport stratégique a été attaqué dans le passé à plusieurs reprises par des groupes rebelles et la branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front Al-Nosra, car il se situe sur l'autoroute reliant la ville de Soueida, aux mains de l'armée, à la capitale Damas.
Au moins 20 soldats et 15 djihadistes ont été tués dans la bataille, au terme de laquelle les forces loyalistes ont maintenu leur contrôle sur l'aéroport et ses environs, d'après l'OSDH.