Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) ont mis en ligne mardi soir une vidéo montrant ce qu'ils présentent comme la décapitation d'un journaliste américain. Le reporter James Foley, 40 ans, était porté disparu depuis près de deux ans en Syrie.
Le photo-journaliste a été capturé en novembre 2012 dans le nord-est de la Syrie alors qu'il couvrait la guerre civile pour plusieurs médias, dont l'AFP et le site d'informations américain GlobalPost. Il avait auparavant couvert le conflit en Libye avant de gagner la Syrie pour suivre le soulèvement contre le régime de Bachar Al-Assad.
Tournée dans une zone désertique, la vidéo montre un homme masqué et habillé de noir semblant couper la gorge de James Foley. Le bourreau s'exprime en anglais avec un accent britannique. Le journaliste indépendant est vêtu d'une tenue orange, qui rappelle celle des prisonniers de Guantanamo.
Sur ces images, les jihadistes montrent aussi un autre journaliste américain identifié comme étant Steven Sotloff, lui aussi en combinaison orange. Ils menacent de l'exécuter si le président américain Barack Obama ne met pas fin aux frappes aériennes américaines en Irak.
M. Sotloff a été porté disparu en juillet 2013 alors qu'il se trouvait dans le nord de la Syrie. Ses articles ont notamment été publiés par le "Time Magazine" et la revue "Foreign Policy". Journaliste indépendant, il a travaillé en Syrie, en Libye et au Yémen.
Authenticité à vérifier
L'authenticité de la vidéo, intitulée "Un message à l'Amérique" et qui dure un peu moins de cinq minutes, n'a pu être vérifiée dans l'immédiat. La Maison Blanche a indiqué que les services de renseignement américains le feraient "aussi rapidement que possible".
"Nous avons vu une vidéo qui prétend montrer le meurtre du citoyen américain James Foley par l'EI. Si elle est authentique, nous sommes horrifiés par le meurtre brutal d'un journaliste américain innocent et exprimons nos sincères condoléances à sa famille et ses amis", a indiqué Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil de sécurité nationale dans un communiqué.
"Au nom de John et Diane Foley, et aussi de GlobalPost, nous sommes très touchés par les messages de sympathie et de soutien dont nous sommes inondés depuis que la possible exécution de James a été rendue publique", écrit de son côté le directeur de GlobalPost, Philip Balboni.
La famille, tout comme M. Balboni, se refusent à tout autre commentaire tant que l'authenticité de la vidéo n'aura pas été confirmée par le FBI.
Sans nouvelles depuis 2012
"Nous sommes horrifiés par la diffusion de cette vidéo - qui n'a pas été authentifiée - et par la revendication de l'assassinat de James Foley", a déclaré pour sa part le directeur de l'AFP, Emmanuel Hoog.
"James était un journaliste courageux, indépendant et impartial (...). Les reportages qu'il a faits pour l'AFP et pour d'autres médias étaient reconnus et admirés par un large public. Rien ne pouvait justifier qu'on prive James de sa liberté ou qu'on le menace de mort", a-t-il ajouté.
Selon plusieurs témoignages, James Foley a été enlevé dans le nord de la Syrie le 22 novembre 2012. Sa famille, qui avait lancé une campagne d'information, n'avait eu aucune nouvelle depuis lors. M. Foley avait déjà été détenu pendant 45 jours en 2011 en Libye par les forces fidèles à Mouammar Kadhafi.
Issu d'Al Qaïda, l'EI, ex-Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), a proclamé un "califat" sur une partie des territoires de la Syrie et de l'Irak où opèrent ses combattants. Les Etats-Unis, réengagés militairement pour la première fois en Irak depuis leur retrait en décembre 2011, ont mené depuis le 8 août plusieurs dizaines de frappes aériennes contre les jihadistes de l'EI.