Au moins 100 civils sont morts mardi dans une attaque chimique présumée contre une ville rebelle en Syrie. Ce raid imputé à l'armée du régime de Bachar al-Assad a suscité l'indignation de la communauté internationale et des craintes pour le processus de paix.
L'attaque a été perpétrée en début de matinée sur la ville de Khan Cheikhoun, un fief rebelle et djihadiste dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest du pays. Selon les sources, le bilan fait état de 58 à 100 morts et de 170 à 400 blessés, souvent victimes d'asphyxie.
Des sources citées par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), évoquent des évanouissements et la présence de mousse dans la bouche des victimes. L'hôpital qui les soignaient a été bombardé à deux reprises durant la journée, ce qui a provoqué d'importantes destructions et la fuite précipitée de médecins.
L'opposition syrienne a accusé le régime d'avoir utilisé des "obus contenant du gaz chimique". Ce "crime horrible" rappelle l'attaque au gaz sarin de la Ghouta, près de Damas (1400 morts en août 2013), que la communauté internationale a "laissée impunie".
Toujours selon l'opposition, ce raid meurtrier remet en cause le processus de paix. L'attaque pourrait avoir été commise par le régime syrien, selon l'OSDH, une information démentie par une source militaire syrienne. En fin d'après-midi, le régime n'avait pas officiellement réagi.
Attaque "inhumaine"
Après la diffusion d'images choc des victimes, les réactions se sont multipliées. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré à son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'un entretien téléphonique, que l'attaque était "inhumaine" et menaçait le processus de paix.
La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a mis en cause Damas: "La principale responsabilité repose sur le régime parce qu'il a la responsabilité de protéger son peuple et non de l'attaquer". De son côté, la France a demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.
François Hollande a pointé la responsabilité "politique, stratégique et morale" des soutiens du régime de Bachar al Assad. Comme lors de l'attaque de la Ghouta, "Bachar al Assad compte sur la complicité de ses alliés pour bénéficier d'une impunité intolérable", écrit le président français.