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Témoin suspect au procès de Francis Heaulme

Le procès du tueur en série Francis Heaulme, accusé du meurtre de deux enfants en 1986 dans l'est de la France, a viré mardi au procès d'un autre homme. Ce dernier est entendu comme simple témoin mais ses contradictions pourraient conduire à une mise en examen. Le procès du principal prévenu est quant à lui renvoyé.

01 avr. 2014, 17:09
Francis Heaulme était surnommé le routard du crime.

Le procès du tueur en série Francis Heaulme, accusé du meurtre de deux enfants en 1986 dans l'est de la France, a viré mardi au procès d'un autre homme. Ce dernier est entendu comme simple témoin mais ses contradictions pourraient conduire à une mise en examen.

Henri Leclaire, 65 ans, un homme trapu engoncé dans un costume gris un peu vieillot, a été interrogé par la cour et confronté à plusieurs témoins pendant près de quatre heures mardi matin. Lors d'une garde à vue en décembre 1986, Henri Leclaire s'était accusé du double meurtre d'Alexandre Beckrich et Cyril Beining, deux enfants de huit ans, survenu quelques mois plus tôt. Mais il s'était ensuite rétracté.

"Je ne les ai pas tués"

Alors qu'il avait bénéficié d'un non-lieu en 2013, la cour a décidé de le convoquer de manière anticipée après deux nouveaux témoignages de dernière minute. "Je ne les ai pas tués", a-t-il insisté mardi.

Manutentionnaire à l'époque, il avait l'habitude de faire des rondes le week-end dans son entreprise située près du lieu du crime. Mais pas ce dimanche-là, a-t-il assuré à la barre.

Deux enfants "corrigés"

Pourtant, il y a un et demi environ, en livrant des courses à une cliente, il lui aurait confié avoir attrapé et "corrigé" les deux enfants ce 28 septembre. "On aurait dit de la haine vis-à-vis de ces enfants", a raconté cette femme, Marie-Christine Blindauer, clerc d'avocat, à la cour.

"Ce qu'elle dit est vrai (...). Mais je ne les ai pas tués", a-t-il lâché après avoir tenté de nier cet entretien, puis de dire qu'il avait menti à Mme Blindauer.

"Parodie de justice"

"Mon client raconte tout et n'importe quoi (...), il y a trop de pression", a déclaré pour l'excuser son avocat, Thomas Hellenbrand, dénonçant une "parodie de justice" puisque son statut de simple témoin lui interdit tout droit de défense.

Francis Heaulme, longtemps somnolent dans le box des accusés, a été soudain invité par la cour à répéter ce qu'il dit avoir vu le jour du crime: il aurait aperçu Henri Leclaire en train de descendre le talus en courant, les vêtements ensanglantés. "Montigny c'est pas moi", a répété le tueur en série, déjà condamné pour neuf meurtres par la justice française.

La cour doit également écouter dans l'après-midi le témoignage d'un ancien conducteur de train qui se souvient aujourd'hui avoir vu un homme ensanglanté - qui ressemblerait à 90% à Henri Leclaire - courir le long des voies ferrées au moment du double meurtre.

Affaire hors normes

L'ouverture d'une information judiciaire contre Henri Leclaire signifierait le renvoi du procès de Francis Heaulme, un nouveau rebondissement dans cette affaire hors normes qui a déjà valu à un autre suspect, Patrick Dils, deux condamnations et 15 ans de prison, avant qu'il ne soit acquitté en 2002.

L'avocate de Francis Heaulme comme les avocats des parties civiles sont en faveur d'un renvoi du procès. Thierry Moser, avocat du père de l'une des deux victimes, a suggéré d'étudier la possibilité que deux personnes aient pu commettre le double meurtre.

Eléments troublants

Car des éléments troublants pèsent dans cette affaire contre Francis Heaulme, 55 ans, qui a réaffirmé mardi avoir aperçu les deux petits garçons vivants, puis morts. Et deux témoins disent l'avoir vu, le visage ensanglanté, peu de temps après le meurtre, à quelques kilomètres du lieu du crime. Les enquêteurs ont par ailleurs conclu que cette affaire portait sa "quasi-signature criminelle".

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