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Tensions à la frontière: la Corée du Nord a détruit le bureau de liaison avec la Corée du Sud

La Corée du Nord a fait exploser le bureau de liaison avec la Corée du Sud, mardi à Kaesong. Cette attaque survient plusieurs jours après des propos virulents de la part de Pyongyang.

16 juin 2020, 09:48
L'attaque a été annoncé par le ministère de l'Unification à Séoul, plusieurs jours après des propos virulents de la part de Pyongyang. (archives)

La Corée du Nord a détruit mardi le bureau de liaison intercoréen situé sur son sol qui était un des symboles de la détente sur la péninsule. Elle fait ainsi monter les tensions après des semaines d'attaques verbales contre le Sud.

Cette démolition concrétise les menaces de Kim Yo Jong, la puissante soeur cadette du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, qui avait menacé ce week-end de réduire en ruines cette institution "inutile".

Des images de l'explosion diffusées par la présidence sud-coréenne ont montré la déflagration sur plusieurs bâtiments de la zone industrielle de Kaesong, située à proximité de la Zone démilitarisée (DMZ). Une tour a proximité s'effondre partiellement tandis que des colonnes de fumée s'élèvent.

Appels au calme

Le Conseil de sécurité nationale sud-coréen a annoncé qu'il "réagirait fortement" si Pyongyang "continuait de prendre des mesures aggravant la situation". "Toute la responsabilité des répercussions de cette action reposera sur le Nord", a-t-il dit.
 


Des appels au calme ont émané des grandes capitales. Washington a exhorté Pyongyang à "s'abstenir de tout nouvel acte contreproductif. Jugeant "préoccupante" la situation dans la péninsule coréenne, le Kremlin a appelé "toutes les parties à la retenue". De son côté, l'UE a dénoncé l'attitude "inacceptable" de Pyongyang, l'enjoignant à éviter "toute nouvelle mesure provocatrice et dommageable".

Située dans la zone industrielle de Kaesong, où des entreprises sud-coréennes faisaient naguère travailler des ouvriers du Nord en versant leurs salaires à Pyongyang, le bureau de liaison se voulait lors de son ouverture en septembre 2018 le symbole de la détente apparue cette année-là sur la péninsule.

Attaques au vitriol

Il était le résultat d'un accord entre M. Kim et le président sud-coréen Moon Jae-in qui avaient tenu trois sommets en l'espace de quelques mois. Au plus fort de son activité, il réunissait deux délégations du Nord et du Sud composées chacune d'une vingtaine de fonctionnaires.

Il s'agissait du premier instrument physique permanent de communication et était destiné à développer les relations intercoréennes, améliorer les relations entre les Etats-Unis et le Nord, et apaiser les tensions militaires.

Mais les relations Nord-Sud n'ont cessé de se dégrader après l'échec du deuxième sommet entre le président américain Donald Trump et M. Kim en février 2019 à Hanoï. Les travaux du bureau de liaison avaient été suspendus en janvier à cause du coronavirus.

Depuis le début du mois, Pyongyang a multiplié les attaques au vitriol contre son voisin, notamment contre les transfuges nord-coréens qui, depuis le Sud, envoient des tracts de propagande par-delà la Zone démilitarisée souvent accrochés à des ballons ou insérés dans des bouteilles lancées dans le fleuve frontalier.

L'agence officielle nord-coréenne KCNA a déclaré que la destruction du bureau de liaison était conforme à "l'état d'esprit du peuple en colère qui veut contraindre les déchets de l'humanité, et ceux qui les ont abrités, à payer très cher leurs crimes". La semaine passée, le régime nord-coréen a annoncé la fermeture de ses canaux de communication avec le Sud.

"Cycle de provocation"

Pour Leif-Eric Easley, professeur d'études internationales à l'université Ehwa de Séoul, Pyongyang "a entamé un cycle de provocations avec des phases d'escalade" en appelant à cette destruction qui porte un coup symbolique à "la réconciliation et à la coopération intercoréenne".

"Le régime de Kim envoie également un message aux Etats-Unis pour leur signifier qu'ils ne pourront pas se permettre de laisser la Corée du Nord au second plan jusqu'à la fin de l'année", a-t-il ajouté.

Lundi, Moon Jae-in, grand artisan du rapprochement de 2018, avait exhorté le Nord à ne pas laisser "la fenêtre du dialogue se refermer".

Pour Cheong Seong-chang, directeur du Centre pour les études nord-coréennes à l'Institut Sejong de Séoul, "la Corée du Nord est frustrée par le fait que le Sud n'ait pas proposé un plan alternatif pour relancer les pourparlers entre les Etats-Unis et le Nord (ndlr: sur le nucléaire nord-coréen), la laissant seule créer un climat propice à leur relance".

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