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Terrorisme: le président du CICR estime que chaque pays est responsable de ses djihadistes

Les pays occidentaux, dont la Suisse, doivent s’occuper de leurs djihadistes. C’est le message de Peter Maurer, président du CICR. Selon lui, chaque Etat doit prendre ses responsabilités et priver ses citoyens de leur statut ou de leur nationalité n’est pas une solution.

02 févr. 2020, 11:02
Il estime que laisser ces personnes dans des camps irakiens ou syriens est un mauvais calcul.

Le retour des djihadistes est une question de responsabilité des pays d’origine, affirme le président du CICR, Peter Maurer. Et «si on veut juger les djihadistes dans d’autres pays, il faut mettre en place des systèmes qui permettent de le faire».

Dans un long entretien avec Le Matin Dimanche, Peter Maurer le répète, le refus de certains pays d’accueillir les djihadistes nationaux qui veulent rentrer ne viole pas les Conventions de Genève. En revanche, c’est une question de responsabilité.

«Souvent ces mêmes pays ont été les premiers à parler de responsabilité du pays d’origine lorsqu’il s’agissait de retour de migrants. Ils devraient y penser aujourd’hui», analyse celui qui dirige le CICR depuis huit ans. Pour lui, «les priver de leur statut ou de leur nationalité n’est pas une solution».

Les priver de leur statut ou de leur nationalité n’est pas une solution.
Peter Maurer, président du CICR

Même s’il dit comprendre les soucis de sécurité que posent ces cas, il souligne qu’«essayer de se protéger en laissant ces personnes dans des camps irakiens ou syriens» est un mauvais calcul, car «c’est oublier qu’il n’y a aucune garantie qu’ils y restent».

Essayer de se protéger en laissant ces personnes dans des camps irakiens ou syriens [est un mauvais calcul].
Peter Maurer, président du CICR

 

Difficulté «d’obtenir les preuves»

Il y a un an, la ministre de la justice Karin Keller-Sutter s’était justement opposée au retour des djihadistes suisses pour des raisons de sécurité. La France a évoqué l’idée d’un rapatriement, un sujet abordé lors de la récente visite de la ministre de la défense Viola Amherd à Paris. «Probablement que la Suisse s’alignera sur certains pays de l’Union européenne», a indiqué la semaine dernière le patron du Service de renseignement de la Confédération (SRC) Jean-Philippe Gaudin.

 

Et, expliquait-il, les juger en Suisse pose aussi problème, car «c’est très compliqué d’obtenir des preuves de leurs véritables activités au sein du mouvement terroriste. Même une fois en prison ou après avoir purgé leur peine, ces personnes doivent être surveillées. Selon M. Gaudin la déradicalisation est quasi impossible. «Ces gens sont amers, aigris. Ils ne regrettent rien».

Ces gens sont amers, aigris. Ils ne regrettent rien.
Jean-Philippe Gaudin, patron du Service de renseignement de la Confédération

Actuellement, le SRC estime à une vingtaine le nombre de djihadistes suisses, hommes, femmes, enfants, se trouvant entre la Syrie et l’Irak. Parmi eux, au moins sept enfants ayant un lien avec la Suisse ont été localisés dans des camps syriens, affirment différents médias.

Devoir humanitaire

Le Conseil fédéral a décidé en juin de ne pas rapatrier activement les adultes, mais n’interdira toutefois pas un retour en Suisse. Pour les mineurs, un rapatriement pourra être examiné au cas par cas, dans l’intérêt de l’enfant.

Vendredi, l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dont la Suisse fait partie, a adopté une résolution exhortant à rapatrier de Syrie les enfants de djihadistes étrangers. Selon elle, il s’agit d’une obligation née des droits fondamentaux et un devoir humanitaire.

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