La réouverture au public du musée du Bardo à Tunis prévue mardi après-midi est reportée sine die. "Pour des raisons de sécurité, on ne peut pas recevoir un grand nombre de visiteurs selon le ministère de l'Intérieur", a justifié la chargée de communication du musée.
"Nous avons été surpris à la dernière minute", a déclaré Hanene Srarfi. Elle a cependant confirmé la tenue d'une "cérémonie officielle" dans l'après-midi au musée, organisée par le ministère tunisien de la Culture.
Le musée du Bardo devrait rouvrir ses portes six jours après l'attentat revendiqué par le groupe Etat islamique. Ce drame a coûté la vie à 23 personnes, dont 20 touristes et les deux assaillants, ainsi que leur poste à deux chefs de la police, limogés lundi.
Réunion devant le musée
Quelques centaines de manifestants et touristes se sont rassemblés à Tunis pour dénoncer l'attaque sanglante. Des dizaines de personnes, essentiellement des guides touristiques et des journalistes, ont pu accéder à l'intérieur de l'enceinte où se trouvent le musée et le Parlement tunisien, selon une journaliste de l'AFP sur place. Certains y chantaient et dansaient au son de tambourins. Des manifestants ont aussi ramené trois chameaux.
A l'extérieur de l'enceinte, environ 250 autres manifestants étaient rassemblés, tenant des feuilles et des pancartes en anglais proclamant "Visit Tunisia", "I will receive you with jasmine" ("Je vous accueillerai avec du jasmin", ndlr), et reprenaient en choeur des slogans comme "Tunisie libre, terrorisme dehors".
Le chef du gouvernement Habib Essid a effectué dans la nuit de dimanche à lundi "une visite et a constaté plusieurs lacunes. Il a décidé de limoger un certain nombre de responsables dont les chefs de la police de Tunis et du Bardo". M. Essid a immédiatement nommé leurs successeurs.
Défaillances sécuritaires
En outre, le parquet a indiqué qu'un "mandat de dépôt" avait été émis contre un policier "chargé de la sécurité du musée", refusant de dévoiler les raisons de son arrestation.
Ministre de l'Intérieur en 2011 après la révolution, M. Essid avait déjà admis que l'attaque a révélé des défaillances sécuritaires graves. Les deux tireurs, armés de Kalachnikovs, ont attaqué le site qui ne semblait pas bénéficier d'une protection particulière, bien qu'il soit situé dans la même enceinte que le Parlement. Ils ont été tués par les forces de sécurité.
Menace sur le tourisme
Sur l'enquête relative à l'attaque, revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), les autorités n'ont donné aucune nouvelle indication, au lendemain de l'évocation par le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, de la piste d'un troisième suspect.
L'attaque du Bardo est la première à toucher des étrangers en Tunisie depuis l'attentat contre la synagogue de la Ghriba à Djerba en 2002. C'est aussi le premier revendiqué par l'EI, qui sévit dans d'autres pays arabes.