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Tunisie: tension et colère après la mort d'un manifestant tué par la police

L'ensevelissement du jeune manifestant tué par la police, lundi près de Tataouine, s'est déroulé en présence de milliers de Tunisiens en colère. Les revendications sociales se font de plus en plus nombreuses mettant ainsi les autorités sous pression.

24 mai 2017, 06:42
Les autorités ont mis en garde contre "un dérapage de la situation".

Des milliers de personnes en colère ont assisté mardi près de Tataouine, dans le sud de la Tunisie, aux funérailles du manifestant tué la veille. Le jeune a perdu la vie lors d'affrontements avec les forces de l'ordre à proximité d'un complexe pétrolier.

De leur côté, les autorités ont mis en garde contre un dérapage de la situation dans cette région située à 500 km de Tunis. Un calme précaire a régné toute la journée au lendemain de heurts inédits depuis plus d'un an dans le pays.

Selon une journaliste de l'AFP, des milliers de personnes se sont rendues à la mi-journée à Bir Lahmer, localité d'origine du jeune manifestant tué, à 30 km de Tataouine. "Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, martyr", ont scandé certains participants en marge des funérailles de Anouar Sakrafi, qui se sont déroulées dans le calme et en l'absence du moindre dispositif policier.

Gaz lacrymogène

Après plusieurs semaines d'un sit-in motivé par des revendications sociales, ce jeune homme a été tué lundi - "accidentellement" selon les autorités - par un véhicule de la gendarmerie à proximité du site pétrolier d'El-Kamour, en plein désert, à deux heures de Tataouine.

La tension y était montée durant le week-end, les forces de l'ordre faisant ensuite usage lundi de gaz lacrymogène pour empêcher des protestataires d'entrer dans le complexe. C'est une première depuis que le président Béji Caïd Essebsi a solennellement demandé le 10 mai aux militaires de protéger les sites de production du pays.

Aucun incident n'a été observé mardi à El-Kamour, où les manifestants réclament une meilleure répartition des richesses et des recrutements dans les sociétés pétrolières.

Postes de police désertés

Egalement touchée par des violences lundi, Tataouine est aussi restée calme. Pierres jonchant la chaussée, pneus calcinés, commerces pour la plupart fermés: la ville gardait toutefois les stigmates des heurts de la veille. Tous les postes de police étaient en outre désertés, selon la journaliste de l'AFP.

Les violences de lundi ont fait des dizaines de blessés, dont une vingtaine de membres des forces de l'ordre. Les postes de la police et de la gendarmerie à Tataouine ont été incendiés, et une information judiciaire a été ouverte pour "dégradations de biens publics", a indiqué mardi Behi Labia, du tribunal de Tataouine.

Un membre de la coordination de la contestation d'El-Kamour a nié toute implication de son mouvement dans ces dégradations. "D'autres parties ont voulu porter atteinte au mouvement" ou "régler des comptes", a affirmé Sofiane Nasri.

Le ministre de l'Emploi Imed Hammami, chargé des négociations sur El-Kamour, a accusé -sans les nommer- "des candidats à la présidence et des partis en faillite" d'être derrière ces troubles.

Dans la soirée, un haut responsable a annoncé à l'AFP l'arrestation de l'homme d'affaires controversé et très en vue Chafik Jarraya ainsi que de l'ex-candidat à la présidence Yassine Chennoufi, accusés d'être impliqués dans les évènements "d'El-Kamour, de corruption et d'atteinte à la sûreté de l'Etat".

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