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Tunisie: un Salafiste soupçonné de l'assassinat des deux opposants

Après la mort d'un leader de l'opposition, un Salafiste extrêmiste serait soupçonné, selon les premiers éléments de l'enquête. Des milliers de personnes ont manifesté vendredi dans les rues de Tunis, en protestation de cet assassinat.

26 juil. 2013, 17:46
Protesters gather on the main avenue of Tunis after the leader of a leftist Tunisian opposition party, Mohammed Brahmi, was gunned down as he left home, in Tunisia, Thursday, July 25, 2013.  Brahmi, 58, of an Arab nationalist political party was in his car outside home when gunmen fired several shots at him, said Interior Ministry spokesman Mohammed Ali Aroui. It is the second killing of an opposition member this year, following that of Chokri Belaid, a member of the same leftist Popular Front coalition as Brahmi. Belaid was also shot dead in his car outside his home in February. His killing provoked a political crisis that nearly derailed Tunisia's political transition. (AP Photo/Hassene Dridi)

Un salafiste radical est soupçonné d'avoir assassiné les deux opposants laïques Mohamed Brahmi ce jeudi et Chokri Belaïd il y a quelques mois, ont annoncé vendredi les autorités tunisiennes. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale pour dénoncer ces crimes

Âgé de 58 ans, Mohamed Brahmi a été abattu jeudi de quatorze balles tirées à bout portant par deux hommes à moto. Selon les autorités et des témoins, il descendait de voiture devant son domicile de Tunis au moment du drame.

Le 6 février, l'opposant Chokri Belaïd avait été assassiné de la même façon. Son décès avait provoqué les plus importantes manifestations dans le pays depuis la chute de l'ex-président Ben Ali en janvier 2011.

"Huit suspects impliqués dans les deux meurtres ont été identifiés, mais aucun n'a été arrêté", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Lotfi ben Jeddou. Le principal accusé est un salafiste radical du nom de Boubacar Hakim, déjà recherché pour contrebande d'armes venant de la Libye voisine, a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.

"La même arme automatique de calibre neuf millimètres qui a tué Chokri Belaïd a aussi tué Mohamed Brahmi", a encore affirmé le ministre. A l'heure actuelle, il exclut l'implication de partis politiques dans l'assassinat des deux opposants de gauche.

Selon lui, Boubaker Hakim est "un élément terroriste parmi les plus dangereux. "Des armes à feu, deux bombes artisanales, des munitions, un revolver et des armes blanches ont été saisis" à son domicile, a-t-il précisé.

Pas de sérieuses poursuites judiciaires

L'individu a récemment échappé à la police, un manquement vivement critiqué. Béji Caid Essebsi, le chef de Nidaa Tounes, principal parti d'opposition tunisien, a imputé au gouvernement - dirigé par le parti islamiste Ennahda - la responsabilité de l'assassinat.

"Si ce gouvernement avait dévoilé l'identité des commanditaires et des tueurs de Chokri Belaïd, nous n'en serions pas là", a-t-il déclaré. "Il n'y a pas eu de sérieuses poursuites judiciaires, cela a encouragé les criminels à récidiver", a-t-il estimé.

Funérailles nationales

Membre de l'assemblée chargée d'élaborer la nouvelle Constitution et fondateur du Mouvement du peuple (Echaâb), une formation laïque et nationaliste, Mohamed Brahmi n'avait pas ménagé ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir.

Sa famille a déclaré que ses funérailles auraient lieu samedi et qu'il serait inhumé près de la tombe de Chokri Belaïd. Le chef de l'Etat, le président Moncef Marzouki, a de son côté demandé à l'armée d'organiser des obsèques nationales. La journée de vendredi a été décrétée jour de "deuil national".

L'assassinat de Mohamed Brahmi s'est produit le jour de la Fête de la République, férié en Tunisie, sur fonds de changements politiques importants. Le pays - tête de file des "printemps arabes" de 2011 - doit se prononcer sur sa nouvelle Constitution avant la tenue de l'élection présidentielle. Celle-ci est prévue avant la fin de l'année.

Manifestations et grève

A l'appel de l'opposition, des milliers de personnes sont descendues vendredi dans les rues de Tunis pour protester contre cet assassinat. "Le peuple veut la chute du gouvernement", "C'est aujourd'hui qu'Ennahda doit tomber", criait la foule, composée majoritairement de syndicalistes. L'opposition laïque avait également appelé à protester pour "renverser le gouvernement".

De leur côté, les islamistes sont descendus par milliers dans les rues de la capitale pour défendre leur gouvernement. "Le peuple réclame à nouveau Ennahda!", "Non à un coup d'Etat contre la démocratie!", clamaient-ils.

Les banques et les magasins de la capitale sont restés fermés et tous les vols à destination ou en provenance de la Tunisie ont été annulés en raison de l'appel à la grève générale lancé par l'UGTT, la principale centrale syndicale, a annoncé le bureau de l'aviation civile.

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