Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Turquie: Erdogan élu président avec 52,1 % des voix

Recep Tayyip Erdogan a été élu dimanche à la tête de la Turquie. L'ancien Premier ministre a obtenu 52,1% des voix dès le premier tour.

11 août 2014, 06:58
Recep Tayyip Erdogan accompagné de son épouse Emine Erdogan célèbrent la victoire de l'ancien Premier ministre.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été élu dimanche président de la République dès le premier tour d'un scrutin disputé pour la première fois au suffrage universel direct. Il a obtenu 52,1% des voix, selon des résultats provisoires diffusés par les télévisions turques.

Sitôt connus ces résultats, M. Erdogan, qui dirigeait de facto le pays comme Premier ministre depuis 2003, s'est rendu à la mosquée historique Eyüp Sultan d'Istanbul pour prier, comme le faisaient les sultans ottomans avant de monter sur le trône. Les chiffres définitifs de la présidentielle seront connus dans le courant de la semaine.

Processus de paix

"Nous allons élever le niveau de notre démocratie et continuer dans la voie du processus de paix" pour un règlement du conflit kurde, a-t-il affirmé. Le président élu a tenu une courte allocution retransmise en direct par les télévisions, devant des centaines de partisans réunis devant la mosquée.

Plus tard, du siège du Parti de la justice et du développement (AKP), son parti islamo-conservateur, M. Erdogan a appelé à la réconciliation sociale. "Je dis cela avec le coeur. Commençons aujourd'hui une nouvelle période de réconciliation sociale et laissons les vieilles discussions dans la vieille Turquie", a-t-il déclaré devant plusieurs milliers de ses partisans.

"Nous clôturons aujourd'hui une ère et entrons dans une nouvelle", a ajouté le nouveau chef de l'Etat, promettant de devenir "le président des 77 millions de Turcs".

Aide aux Palestiniens

Le gouvernement transférera les Palestiniens blessés de la bande de Gaza vers la Turquie pour y être soignés, a par ailleurs annoncé le président élu. "A partir de cette nuit, espérons-le, nous commençons à transférer nos frères palestiniens", a-t-il déclaré.

Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu avait déclaré dans mercredi que la Turquie travaillait à obtenir l'accord d'Israël et de l'Egypte pour organiser un corridor humanitaire.

Campagne "injuste"

Les médias turcs avancent qu'après le décompte de 99% des bulletins, le principal candidat de l'opposition, Ekmelettin Ihsanoglu, a recueilli 38,9% des suffrages et celui de la minorité kurde, Selahattin Demirtas, autour de 9%. MM. Ihsanoglu et Demirtas ont tous les deux pris acte de leur défaite. Mais ils ont dénoncé la campagne "injuste" ou "disproportionnée" conduite par leur rival.

Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 17h00 locales (16h00 suisses) à l'issue d'un scrutin marqué par une participation en recul par rapport aux 89% enregistrés lors des élections municipales de mars. Selon le sondeur Adil Gür, de la compagnie A&G, elle devrait osciller entre 70 et 75%.

Dirigeant emblématique

Avant même sa victoire, M. Erdogan n'a pas caché qu'il souhaitait garder la haute main sur l'exécutif et renforcer les prérogatives du chef de l'Etat, jusque-là largement honorifiques. "Le président élu et le gouvernement élu oeuvreront main dans la main", a-t-il souligné en glissant son bulletin dans l'urne en famille à Istanbul.

Il devrait être investi président le 28 août. L'AKP va se réunir rapidement pour se pencher sur les candidats à sa succession aux postes de Premier ministre et chef du parti. Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu est considéré comme le favori.

M. Erdogan rejoint avec cette victoire le père fondateur de la République moderne et laïque, Mustafa Kemal Atatürk, au palmarès des dirigeants les plus emblématiques du pays. Il a déjà exprimé le souhait de rester à la présidence pendant deux mandats, jusqu'en 2023, année du 100e anniversaire de la république kémaliste.

Année difficile

Paradoxalement, le triomphe attendu de M. Erdogan intervient au terme d'une année politique très difficile pour son camp. En juin 2013, des millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste. La sévère répression de cette révolte a sérieusement écorné l'image du régime. Et l'hiver dernier, c'est un scandale de corruption sans précédent qui a éclaboussé le pouvoir.

Mais, même contesté comme jamais, Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu'il a débarrassé de la tutelle de l'armée. La majorité religieuse et conservatrice a profité de la forte croissance économique sous son règne.

"Je prie tous ceux qui me qualifient de dictateur et d'autocrate de revoir leur position", a lancé le nouveau chef d'Etat depuis le balcon de l'AKP qu'il a jusqu'à présent dirigé mais dont il devrait quitter la direction.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias