Des experts en aide humanitaire d'urgence mettaient en garde lundi contre une répétition aux Philippines des erreurs commises dans le sillage du tsunami de 2004 en Asie. Un forum sur les crises humanitaires se penchera cette semaine sur la question à Sydney.
La réponse au tsunami qui avait fait 275'000 morts en Indonésie, en Inde, au Sri Lanka et en Thaïlande avait suscité un vif débat sur l'organisation des secours, la nature de l'aide à apporter et les moyens mis au service de la reconstruction.
Plusieurs acteurs de l'aide, comme la Croix-Rouge britannique, avaient déploré la concurrence entre agences ou ONG, l'acheminement d'équipement ou de denrées inutiles et la difficulté à gérer les dotations financières.
Dons réfléchis et prudents
Une partie du financement promis pour la reconstruction n'a par ailleurs jamais été livré tandis que corruption et mauvaise gestion engloutissaient des sommes importantes.
"Il est tout d'abord fondamental d'octroyer des dons de façon réfléchie et prudente", estime Paul Arbon, directeur du Torrens Resilience Institute, un centre de recherche australien sur l'aide d'urgence.
Dans ces contextes difficiles, "la bonne volonté qui se manifeste un peu partout dans le monde produit un afflux ingérable de toutes sortes de biens dans les zones sinistrées et cela crée des points de congestion dans les ports et les aéroports qui entravent une aide plus ciblée", explique-t-il.
Calamités pour les plus vulnérables
L'urgence passée, il faut également bien évaluer les besoins en reconstruction, soulignent les spécialistes. "Ce sont toujours les populations les plus vulnérables qui supportent l'essentiel de ces terribles calamités naturelles", note Martin Mulligan, un chercheur chargé de projet à l'agence australienne d'aide au développement, AusAID.
Or "je ne suis pas convaincu que les professionnels des opérations d'urgence aient tiré les leçons (du tsunami de 2004) sur la reconstruction des zones dévastées", dit-il. "L'aide d'urgence après le tsunami a été impressionnante mais de nombreuses erreurs peut-être inévitables ont été commises dans l'allocation de l'aide pour la reconstruction sociale à long terme", selon lui.
Stimuler l'économie locale
"Des localités rayées de la carte, un bilan humain horrible", a relevé le chef de la Croix-Rouge australienne, Robert Tickner, conseillant aux individus de faire des dons en argent plutôt que d'envoyer des biens matériels. "Il est préférable d'acheter sur place, pour stimuler l'économie locale", fait-il valoir.