"Il a été convenu avec Ianoukovitch que des élections présidentielles et parlementaires se tiendraient cette année et qu'un gouvernement d'unité nationale serait créé dans les prochains dix jours ", a déclaré M. Tusk jeudi soir aux journalistes.
Après une trêve passagère, les affrontements ont repris jeudi à Kiev faisant plusieurs morts. Le responsable des services médicaux de l'opposition a annoncé le décès par balle de plus de 60 manifestants. 67 policiers ont par ailleurs été pris en otage. Des émissaires européens cherchent à sortir le pays de la crise. Ils négocient avec le président ukrainien et l'opposition, mais leur mission réclame plus de temps que prévu.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, et ses homologues allemand Frank-Walter Steinmeier et polonais Radoslaw Sikorski ont été dépêchés jeudi à Kiev. Leur mission: parvenir à un compromis avec le président Viktor Ianoukovitch et l'opposition pro-européenne en négociant une "feuille de route" pour une sortie de crise pacifique.
Ils ont rencontré successivement des dirigeants de l'opposition puis le président ukrainien durant plus de cinq heures. Une nouvelle rencontre avec l'opposition devait suivre "afin de tester l'accord proposé" sur une sortie de crise, a indiqué Radoslaw Sikorski sur son compte Twitter.
Les trois ministres européens devaient rallier Bruxelles dans l'après-midi pour informer leurs collègues, mais ils ont prolongé leur séjour dans la capitale ukrainienne jusqu'à vendredi. Toutefois, la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton est en contact avec eux et informera leurs collègues du déroulement des discussions.
"Médiation ad hoc"
"On est en train de créer une médiation ad hoc pour faciliter les discussions des deux parties", a dit une source diplomatique française. "Pour le moment on ne peut pas parler de projet d'accord sur le contenu, on discute des demandes des deux côtés, dont le gouvernement, les élections, la Constitution et la manière d'arrêter les violences."
Sur demande du président ukrainien, la Russie a envoyé un médiateur en vue de négociations avec l'opposition. Vladimir Poutine a désigné à cette fin son délégué aux droits de l'Homme, Vladimir Loukine.
Mesures ciblées
Après avoir privilégié la modération et le dialogue durant trois mois, l'Union européenne a haussé le ton. Lors d'une réunion d'urgence jeudi après-midi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères se sont entendus pour des sanctions ciblées.
Ils ont choisi de priver de visas et de geler les avoirs de ceux qui sont responsables des violences, a indiqué la ministre italienne Emma Bonino. L'UE étudie en outre la possibilité d'un embargo sur les armes et le matériel au service de la répression.
Violences meurtrières
Jeudi matin, plus de 60 manifestants ont été tués dans le centre de Kiev, a indiqué à l'AFP le responsable des services médicaux de l'opposition. "Tous l'ont été par balle", a précisé Sviatoslav Khanenko. Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, les policiers ont utilisé des armes à feu en "légitime défense".
Durant la matinée, 67 policiers ont par ailleurs été capturés par les manifestants à Kiev. Le ministère de l'Intérieur a prévenu peu après qu'il pourrait recourir à la force en vue de les libérer.
CICR mobilisé
Le Comité international de la Croix-Rouge a dénoncé jeudi le manque de respect pour le travail humanitaire et médical dans les violences en Ukraine. Et de signaler notamment qu'un volontaire de la Croix-Rouge ukrainienne a été blessé. L'organisation a assisté plus de 360 personnes au cours des dernières 48 heures.
Une cinquantaine de manifestants ukrainiens, rassemblés jeudi sur la place des Nations à Genève, ont demandé à la Suisse de réagir face à la répression violente à Kiev. Ils ont réclamé le gel des avoirs des oligarques ukrainiens en Suisse. Un rassemblement similaire a été organisé en début de soirée à Zurich.
Les événements en direct à Kiev
Scènes de guerre dans les rues de Kiev. attention ces images peuvent choquer