Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Un haut responsable de l'opposition tunisienne assassiné par balles

Le chef du parti des Patriotes démocrates, mouvement d'opposition tunisien, Chokri Belaïd, a été assassiné par balles mercredi matin, a indiqué son frère. Les violences politiques s'aggravent en Tunisie deux ans après la révolution.

06 févr. 2013, 17:30
Chokri Belaïd était une figure de l'opposition de gauche.

 

Un chef de l'opposition tunisienne, Chokri Belaïd, a été tué par balles mercredi à Tunis. C'est le premier assassinat du genre depuis la révolution. Il a provoqué manifestations de colère et attaques contre des locaux du parti islamiste au pouvoir Ennahda. L'opposition annonce une grève générale jeudi.
 
Le président Moncef Marzouki, qui était en visite en France, a annulé sa participation au sommet islamique du Caire pour rentrer d'urgence à Tunis, a annoncé la présidence. Il a dénoncé un crime "odieux" visant "à mener le peuple tunisien à la violence" et a appelé "à la retenue".
 
Les proches de la victime ont accusé le parti au pouvoir Ennahda d'être responsable du meurtre, alors que les violences politiques et sociales secouent le pays depuis la révolution de 2011 qui a chassé le président Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir.
 
Chokri Belaïd, 48 ans, critique acerbe du gouvernement, a été tué en sortant de chez lui le matin de trois balles tirées à bout portant par un homme portant un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue, selon le premier ministre Hamadi Jebali. Le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh a indiqué, en citant le chauffeur de la victime, qu'un complice attendait l'assaillant pour prendre la fuite à moto.
 
"Plusieurs menaces"
 
"Mon mari a été menacé plusieurs fois et avait lancé des avertissements à maintes reprises, sans résultat. On lui répondait qu'il devait assumer le fait d'être un opposant à Ennahda", a déclaré son épouse Besma Khalfaoui, à l'hôpital, le pantalon taché de sang.
 
Elle et le frère de la victime, Abdelmajid Belaïd, ont accusé le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, de ce crime, sans plus. "Ghannouchi sale chien", a crié le père de la victime, en larmes, devant l'hôpital. "Ce gouvernement veut nous réduire au silence, nous terroriser", a pour sa part crié Moufida Abbassi, une amie journaliste de l'opposant tué.
 
Mais M. Ghannouchi a nié toute implication dans ce meurtre en estimé que ses auteurs "veulent un bain de sang" en Tunisie. "C'est un acte de terrorisme pas seulement contre M. Belaïd mais contre toute la Tunisie", a encore lancé M. Jebali.
 
"Dégage"
 
Cet assassinat a provoqué des manifestations de colère à Tunis et dans d'autres villes du pays où la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des milliers de manifestants face au ministère de l'Intérieur dans la capitale. La police, visée par des bouteilles et des pierres, a pourchassé les manifestants pour les disperser à coups de matraque sur l'avenue Habib Bourguiba. Les heurts se sont fait de plus en plus violents.
 
Un blindé de la garde nationale a tiré des salves de gaz alors que les manifestants utilisaient des poubelles, des tables de café, des barbelés et des barrières pour leurs barricades.
 
Le fameux mot d'ordre "dégage" résonnait dans les rues où une foule en colère a accompagné l'ambulance transportant le corps de l'opposant s'arrêtant symboliquement devant le ministère de l'Intérieur.
 
Ailleurs dans le pays, la police a aussi tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants qui tentaient de prendre d'assaut son siège à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la révolte de 2011. A Mezzouna, près de Sidi Bouzid, à Gafsa, (centre) et à Sfax (sud) des protestataires ont incendié et saccagé les locaux d'Ennahda. A Kasserine où les cours ont été suspendus, à Béja et à Bizerte, des foules criaient "Vengeance, vengeance".
 
Participation à la Constituante suspendue
 
Secrétaire général du parti des Patriotes démocrates, l'opposant avait rejoint avec sa formation une coalition de gauche, le Front populaire créé en octobre 2011, qui se pose en alternative au pouvoir en place. Mais le poids politique de Chokri Belaïd et de ses alliés demeure une inconnue.
 
Quatre formations de l'opposition tunisienne - le Front populaire (gauche), le Parti républicain, Al Massar et Nidaa Tounes (centre)- ont lancé un appel à la grève générale jeudi et suspendu leur participation à l'Assemblée nationale constituante (ANC).
 
Ces décisions ont été adoptées à l'issue d'une réunion de concertation entre ces formations politiques pour répondre au meurtre de M. Belaïd, a expliqué un chef du parti républicain.
Votre publicité ici avec IMPACT_medias