Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Un journaliste savoyard tué en Syrie

Gilles Jacquier a trouvé la mort mercredi à Homs. Le natif de Bernex, en Haute-Savoie, couvrait les conflits majeurs pour France 2 depuis les années 1990.

11 janv. 2012, 18:18
jacquier

 

Le journaliste français Gilles Jacquier,  grand reporter sur France 2, a été tué mercredi alors qu'il se  trouvait en reportage à Homs, dans le centre de la Syrie, a indiqué  la chaîne de télévision publique. Les circonstances de ce décès ne  sont pas claires

Gilles Jacquier et son caméraman Christophe Kenck, qui a été  légèrement blessé, «étaient en mission autorisée par le gouvernement  syrien, pour un reportage destiné au magazine de la rédaction Envoyé  spécial», peut-on lire dans un communiqué du groupe. «Nous sommes en  contact avec les autorités syriennes et françaises pour rapatrier le  corps et l'équipe de France 2.»

Obus sur un groupe de journalistes

Selon la télévision syrienne Addounia, le journaliste a trouvé la  mort dans une attaque qui a fait au total huit morts et 25 blessés.

Selon France 2, «il semble qu'une explosion ait eu lieu dans un  immeuble où se trouvait les victimes». Un photographe de l'AFP  présent sur place affirme pour sa part qu'un obus est tombé sur un  groupe de journalistes qui se trouvait en reportage dans cette  ville, haut lieu de la contestation.

Devant la rédaction de France 2, le PDG de France Télévisions,  Rémy Pflimlin, a déclaré «qu'un drame frappait au coeur les  journalistes du service public».

Il s'agit du premier journaliste occidental tué en Syrie depuis  le début de la révolte contre le régime, le 15 mars. Il y a  également plusieurs blessés dans le groupe mais leur nombre n'a pu  être précisé. L'un d'entre eux est un journaliste belge qui a été  blessé à un oeil, a précisé le photographe de l'AFP.

Le ministère de l'information syrien a indiqué qu'il était au  courant d'un incident impliquant des journalistes étrangers à Homs  mais qu'il n'avait pas d'autres détails.

Homs est un des foyers de l'insurrection contre le régime du  président syrien Bachar al-Assad. La répression de la contestation a  fait, selon une estimation de l'ONU, plus de 5000 morts.

Le groupe de journalistes se trouvait à Homs dans le cadre d'un  voyage autorisé par le régime syrien qui limite les déplacements des  médias étrangers en Syrie.

De la Haute-Savoie au Kosovo

Kosovo, Afghanistan, Algérie, révolutions arabes:  Gilles Jacquier a  couvert la plupart des conflits des 20 dernières années. Il avait  obtenu le prix Albert Londres pour des reportages lors de la seconde  Intifada.

«J'ai horreur de la guerre mais sur ces terrains, je peux faire  de vraies rencontres. Le plus souvent les gens sont eux-mêmes, très  sincères face à une caméra et on ne peut rester insensible à leur  souffrance», racontait le journaliste dans une interview.

«Moi, j'aime surtout filmer les gens au plus près de l'action,  avec leurs émotions et sans voyeurisme», ajoutait-il.

Né le 25 octobre 1968, ce passionné d'images depuis sa plus  tendre enfance, démarre sa carrière comme journaliste reporter  d'images (JRI) dans une chaîne locale à Annecy en 1989, TV HUIT Mt  Blanc.

Deux ans plus tard, il entre à France télévisions et rejoint la  rédaction nationale de France 3 en 1994. Il sillonne le monde,  couvre les Jeux olympiques d'hiver de Lillehammer, de Nagano, le  Festival de Cannes, les élections en Afrique du Sud.

Mais surtout, caméra sur l'épaule, Gilles Jacquier couvre tous  les conflits depuis les années 1990, à commencer par celui du  Kosovo. Suivront la République démocratique du Congo (RDC),  l'Algérie, la Côte d'Ivoire, Haïti, l'Irak, Israël, la Palestine,  jusqu'aux révolutions arabes.

Le journaliste disait avoir vu la «mort à grande échelle, avec  des trous béants et des dizaines de cadavres arrivant sur des  brancards et jetés là toutes les heures». Il est particulièrement  bouleversé par les massacres en Algérie dans les années 1990 et dans  la jungle de Kisangani au Zaïre, avant la chute de Mobutu en 1997.

Journaliste primé

En 2003, il obtient le prestigieux prix Albert Londres avec  Bertrand Coq, autre grand reporter, pour sa couverture durant la  deuxième Intifada.

«Gilles était un excellent reporter de guerre, il n'avait peur de  rien, avait un côté casse-cou mais ne prenait jamais de risques  inconsidérés», témoigne Bertrand Coq, interrogé par l'AFP.

Lors des reportages à Naplouse, Gilles Jaquier avait été blessé.  «Une balle avait pénétré par le côté de son gilet pare-balles et  l'avait touché à la clavicule. La balle avait été extraite par un  médecin suisse à l'hôpital de Naplouse», se rappelle Bertrand Coq.

Féru de sport, ancien champion de descente à ski, le grand  reporter «mettait dans son travail tout l'acharnement, tout le  talent et toute la motivation d'un grand sportif. Il ne rentrait  jamais sans les images. Jamais», souligne Bertrand Coq.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias