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Un prêtre polonais révèle son homosexualité dans la presse, le Vatican n'apprécie pas

Un prêtre polonais a fait son coming out samedi dans deux journaux, à la veille de l'ouverture du synode sur la famille. Le Vatican a qualifié cette révélation de "très grave" et "irresponsable".

03 oct. 2015, 13:22
/ Màj. le 03 oct. 2015 à 16:53
Mgr Charamsa sait qu'il devra renoncer à son ministère, à l'Eglise pour "laquelle il a donné sa vie".

Le coming out samedi d'un prêtre polonais, théologien de surcroît, à la veille d'un synode sur la famille, a aussitôt déclenché les foudres du Vatican. Le Saint Siège l'a immédiatement démis de ses fonctions.

L'attitude de ce prêtre, qui a révélé dans deux journaux samedi son homosexualité, est "très grave et irresponsable", a affirmé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. "Evidemment, Mgr (Krysztof Olaf) Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi", qu'il exerce depuis douze ans, a-t-il ajouté.

Ce prêtre polonais, âgé de 43 ans, était jusqu'à présent secrétaire adjoint d'une Commission théologique internationale auprès de cette congrégation, précisément chargé de veiller au bon respect du dogme catholique. Le scandale pour le Vatican est d'autant plus grand qu'il intervient à la veille de l'ouverture d'un important synode sur la famille, où l'homosexualité sera l'un des enjeux.

"Le choix de faire une déclaration aussi fracassante à la veille de l'ouverture du synode apparaît très grave et irresponsable parce qu'il cherche à soumettre l'assemblée synodale (des évêques) à une pression médiatique injustifiée", a souligné le père Lombardi.

"Heureux" de "sortir du placard"

Le Vatican précise que son statut de prêtre, qu'il pourra difficilement conserver après avoir reconnu vivre en couple avec son partenaire, sera décidé par les supérieurs hiérarchiques de son diocèse. Dans un restaurant de Rome, l'homme par qui le scandale est arrivé se dit néanmoins soulagé devant la presse. "Je sors du placard et j'en suis heureux", a affirmé samedi Mgr Charamsa, tout sourire, debout à côté de son compagnon.

"À mon Eglise, je veux dire que je refuse et que je dénonce l'exaspérante homophobie ambiante. Ouvre les yeux à la souffrance des personnes homosexuelles, à leur désir d'amour", a-t-il déclaré, revêtu de sa tenue de prêtre. Son compagnon, un Catalan prénommé Eduardo, l'a alors enlacé en se disant "fier de lui".

Profondément ému, il a ensuite lu un "manifeste de libération" en dix points contre "l'homophobie institutionnalisée de l'Eglise", avant d'annoncer qu'un livre était en préparation.

"Je demande pardon pour toutes ces années où j'ai souffert en silence devant la paranoïa, l'homophobie, la haine et le refus des homosexuels que j'ai vécus au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui est le coeur de l'homophobie dans l'Eglise", a-t-il encore affirmé avec force. Résigné, il s'en est remis "à la volonté de Dieu" concernant son avenir en tant que prêtre, très certainement condamné.

"Pape fantastique"

Mgr Charamsa sait qu'il devra renoncer à son ministère, à l'Eglise pour "laquelle il a donné sa vie", avant d'ajouter: "je voudrais remercier notre pape fantastique qui nous a permis de croire à nouveau au dialogue".

François doit ouvrir dimanche un second synode sur la famille, où la question de l'homosexualité doit être débattue. Elle divise profondément l'Eglise catholique, certains y voyant un "désordre" à combattre, et d'autres une réalité à prendre en compte.

Sur le thème de l'homosexualité, "l'Eglise est en retard par rapport aux connaissances auxquelles est parvenue l'humanité", or il "n'est pas possible d'attendre encore 50 ans", a souligné Mgr Charamsa au journal Corriere della Sera. Mais "il est temps que l'Eglise ouvre les yeux face aux gays croyants et comprenne que la solution qu'elle propose, à savoir l'abstinence totale et une vie sans amour, n'est pas humaine", a-t-il lancé, réclamant "miséricorde et dignité".

"Le clergé est largement homosexuel et aussi, malheureusement, homophobe jusqu'à la paranoïa car paralysé par le manque d'acceptation pour sa propre orientation sexuelle", a-t-il aussi déclaré à l'édition polonaise de Newsweek.

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