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Une foule de Tunisiens manifeste contre Ennahda

07 août 2013, 07:42
Les manifestants étaient entre 100 et 200'000 selon les chiffres annoncés par les médias.

Des dizaines de milliers de Tunisiens ont manifesté dans la nuit de mardi à mercredi en banlieue de Tunis. Ils demandaient le départ du gouvernement dirigé par les islamistes d'Ennahda qui sont empêtrés dans une profonde crise déclenchée par l'assassinat d'un opposant fin juillet.

Les manifestants, qui étaient au moins 40'000 vers 22h30 (23h30 en Suisse) selon un responsable policier, scandaient "le peuple veut la chute du régime" ou encore "le gouvernement va tomber aujourd'hui". Des représentants de l'opposition ont évoqué dans les médias des chiffres allant de 100 à 200'000 personnes.

L'hétéroclite coalition d'opposition, de l'extrême gauche au centre-droit soutenu par le puissant syndicat UGTT, organise chaque nuit des rassemblements contre le pouvoir depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet, attribué à la mouvance salafiste. Cette manifestation est de loin la plus importante depuis le début de la contestation.

De nombreux manifestants tenaient des portraits de cet élu et de l'opposant Chokri Belaïd, tué il y a six mois, le 6 février.

Accusation

"C'est un rassemblement (...) pour l'espoir pour une deuxième république dans laquelle les objectifs de la révolution (de janvier 2011) seront réalisés", a jugé un dirigeant du parti Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk.

Les détracteurs d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir accusé d'être responsable de l'essor des jihadistes, réclament en choeur un gouvernement de salut national. Une partie d'entre eux veut aussi la dissolution de la constituante dont les travaux sont paralysés depuis des mois.

Les islamistes ont rejeté ces revendications, proposant en retour d'élargir la coalition gouvernementale et des élections en décembre.

"Dans les régimes démocratiques, les manifestations ne changent pas les gouvernements", a estimé le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, dans le journal "La Presse".

Députée contente

Tentant d'arracher l'ouverture de négociations, le président de l'ANC Moustapha Ben Jaafar a annoncé à la télévision geler les travaux de cet organe qui ne parvient pas à achever la constitution 21 mois après son élection et deux ans et demi après la révolution.

"J'assume ma responsabilité de président de l'ANC et suspends les travaux de l'assemblée jusqu'au début d'un dialogue", a dit cet allié laïque d'Ennahda, estimant que "les Tunisiens en ont marre".

Ni le gouvernement, ni la présidence n'avaient réagi dans la soirée, alors que l'opposition évoquait une initiative positive mais insuffisante.

"C'est une victoire pour la rue, mais ce n'est pas suffisant", a dit la députée Maya Jribi, du Parti républicain.

Critique lancée

"C'est un premier pas vers l'apaisement (...) mais ce n'est pas suffisant, il faut aller jusqu'à la dissolution de l'ANC et la chute du gouvernement", a souligné Mahmoud Baroudi du parti Massar.

Cette suspension est un "coup d'Etat inacceptable" de Mustafa Ben Jaafar, a déclaré en revanche à la chaîne de télévision Al Moutaouassit un membre de l'ANC membre d'Ennahda, Nejib Mrad.

L'ANC s'est réunie mardi matin, malgré le boycott d'une soixantaine de députés, pour débattre de la menace "terroriste".

Plus de 10 tués récemment

Outre la traque des assassins des opposants, une opération militaire "aérienne et terrestre" d'ampleur est en cours au Mont Chaambi depuis jeudi, à la frontière algérienne, pour "éradiquer" un groupe armé lié à Al-Qaïda responsable du décès de dix militaires depuis le 29 juillet.

La police a mené ces derniers jours une série d'opérations contre des cellules préparant, selon les autorités, des attentats. Un "terroriste", le second depuis vendredi, a été tué mardi par les forces de l'ordre en banlieue de Tunis.

Le Premier ministre Ali Larayedh a de son côté dénoncé les manifestations, estimant qu'elles minaient les efforts des forces de sécurité.

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