Sara Sahli (Textes et photos)
Dieu, puisses-tu le libérer bientôt. Les lettres arabes s’inscrivent au-dessus du visage d’un jeune homme en T-shirt Adidas. On pourrait croire que Wael*, 17 ans, serre dans ses mains le cadre de son propre portrait. «C’est Mohammad*, il avait l’âge que j’ai aujourd’hui.» La photographie est tout ce qu’il lui reste de son grand frère, emprisonné dans les geôles syriennes du régime de Bachar al-Assad.
Cette image faisait partie des maigres bagages de la famille lorsqu’elle a fui les bombardements de Homs, il y a trois ans, pour se réfugier dans un immeuble inachevé de Sarafand, dans le Sud-Liban.
Enfant de la guerre, adolescent de l’exil. Wael fait partie des premiers de la tristement nommée «génération perdue» à entrer dans la vie d’adulte. La moitié des 1,1 million de Syriens enregistrés comme réfugiés au Liban sont mineurs. Leur avenir s’assombrit à mesure que le conflit...