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Une ville italienne réduite au silence à cause de Stradivarius

Pour les besoins d’un enregistrement, les habitants de la ville italienne de Crémone doivent "se taire" jusqu’à la fin février.

21 janv. 2019, 12:26
Anto­nio Stra­di­vari a produit les plus beaux violons et violoncelles jamais créés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Certains sont précieusement conservés à Crémone.

Si vous comptez vous rendre dans la ville de Crémone, dans le nord de l’Italie, sachez qu’il vous faudra éviter d’y faire du bruit. Depuis plusieurs jours, la ville du violon retient son souffle. Et pour cause. 

Enregistrement numérique

Crémone abrite les ateliers de certains des plus grands luthiers du monde, dont le célèbre Antonio Stradivari, qui a produit aux XVIIe et XVIIIe siècles certains des plus beaux violons et violoncelles jamais fabriqués. 

Ces instruments, dont personne n’a été capable jusqu’ici de reproduire les sonorités uniques, sont très fragiles. Afin de leur faire atteindre la postérité, la ville s’est lancée dans un vaste projet, celui d’effectuer un enregistrement numérique des sons produits par quatre Stradivarius sélectionnés dans le musée du violon de la cité lombarde, rapporte The New York Times

«Cela permettra à mes petits-enfants d’entendre à quoi ressemble un Strad», a déclaré Leonardo Tedeschi, ancien DJ qui a eu l’idée du projet. «Nous rendons immortel le plus bel instrument jamais fabriqué.»

Quartier bouclé

Mais enregistrer des Stradivarius n’est pas une mince affaire. Les techniciens se sont rendu compte que les rues aux abords, faites de pavés, étaient source d’un cauchemar auditif.  En effet, «le bruit d’un moteur de voiture ou d’une femme marchant à talons hauts, produit des vibrations qui se déplacent sous terre et se réper­cutent dans les micro­phones, rendant l’enregistrement sans valeur», explique Leonardo Tedeschi. «Il fallait soit boucler la zone, soit abandonner le projet.» 

Par chance, le maire – qui est également président de la Stradivarius Foundation, l’organe municipal propriétaire du Museo del Violino – s’est montré très compréhensif. Il a autorisé la fermeture des rues autour du musée durant les cinq semaines que dure l’enregistrement. Il a également invité tous les habitants à garder le silence, à éviter tout bruit inutile. «C’est un projet extraordinaire, je suis sûr que les habitants de Crémone comprendront que la fermeture de la zone était inévitable», a-t-il commenté.

Le 7 janvier, la police a bouclé le quartier et l’enregistrement a pu débuter. Il se terminera à la fin février. 

Ampoules dévissées

Quatre musiciens, qui jouent de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle, multiplieront gammes et arpèges, en utilisant différentes techniques avec leurs archets ou en pinçant les cordes. «Ce sera un défi physique et mental pour eux», a déclaré Thomas Koritke, un ingénieur du son de Hambourg, en Allemagne, qui dirige le projet. «Ils devront jouer des centaines de milliers de notes, huit heures par jour, six jours par semaine, pendant plus d’un mois.» 

L’auditorium du musée a été truffé de 32 microphones hypersensibles. La ventilation et les ascenseurs de l’auditorium ont été éteints. Toutes les ampoules de la salle de concert ont été dévissées afin d’éliminer un léger bourdonnement. On ne plaisante pas avec le son d’un Stradivarius!
 

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