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Uruguay: les premiers pas euphoriques du cannabis légal

Un an après la loi qui a fait de l'Uruguay l'unique pays au monde à légaliser le cannabis, une quinzaine de clubs vivent leur première récolte d'herbe. Mais la loi permet aussi la culture à domicile et la vente en pharmacie.

22 déc. 2014, 09:25
des milliers de personnes ont visité cette semaine la première Expo Cannabis du pays, à Montevideo, où l'Etat avait des stands pour présenter sa loi.

C'est une pièce sans fenêtre de 15 mètres carrés où, sous des lampes, des dizaines de plants sont enfin à maturité. Au club Sativa, c'est l'émotion de la première récolte, un an après la loi qui a fait de l'Uruguay l'unique pays au monde à légaliser le cannabis.

"Moi, j'étais un consommateur de prensado (cannabis de mauvaise qualité, acheté au marché noir, ndlr.) provenant du Paraguay. Je n'avais pas beaucoup d'informations", raconte Joaquin Fonseca, 37 ans, président de ce club cannabique de Montevideo, créé il y a un peu plus de deux mois.

Joaquin ne se sentait pas prêt à cultiver tout seul cette plante, malgré le feu vert donné fin 2013 par le gouvernement uruguayen. Il a donc créé un club et, en attendant que se concluent les démarches administratives pour s'enregistrer légalement, il a commencé à planter, tout comme une quinzaine de clubs dans le pays.

En pharmacie en 2015

La loi pionnière offre trois modes d'accès au produit: culture à domicile, appartenance à un club cannabique ou achat en pharmacie. L'usager ne pouvant en choisir qu'un. Pour l'instant, seuls les deux premiers sont lancés, la disponibilité en pharmacie étant prévue au plus tôt au second semestre 2015.

Tout en coupant soigneusement les fleurs de sa première récolte, Joaquin raconte qu'avec ses comparses, il a l'impression d'entrer dans l'Histoire. "De nombreux membres gardent le reçu de leur première adhésion, ils se disent : 'je suis membre fondateur, en Uruguay, d'un des premiers clubs légaux au monde'" de culture de cannabis.

Culture à domicile

Ils s'évitent aussi de s'aventurer dans l'illégalité pour se fournir. "J'ai dû acheter sur le marché noir et ce n'est pas beau, il faut aller dans des lieux qui ne font pas envie, contacter des gens qui ne sont pas de bonnes relations. Qu'au moins les 45 membres de mon club n'aient plus à faire ça, c'est un beau succès", se réjouit Joaquin.

De plus en plus de particuliers décident aussi de franchir le pas en solitaire. "Il y a beaucoup de gens nouveaux" qui cultivent à domicile, explique Juan Vaz, porte-parole de l'Association d'études cannabiques d'Uruguay (AECU).

Drogue douce

Juan, qui avait passé onze mois en prison en 2007 pour avoir chez lui des plants de cannabis pour son usage personnel, se consacre désormais à plein temps à cette drogue douce. Il travaille dans une boutique dédiée à sa culture, il est aussi jardinier dans un club cannabique et en conseille quatre autres.

Il voyage régulièrement en Espagne et aux Pays-Bas pour s'informer sur les nouveautés dans ce domaine. "Cela fait 15 ans que nous poussons pour un changement de la politique en matière de drogues, et vraiment maintenant, c'est le moment où nous avons le plus confiance", raconte-t-il.

Un registre national

Car la loi a mis en place un registre national où doivent s'inscrire les consommateurs. Cette mesure a créé beaucoup de réticences, les usagers potentiels craignant d'être "fichés", avec un risque ensuite si le gouvernement ou la loi change.

Ainsi, selon l'Institut de régulation et de contrôle du cannabis (IRCCA), il y avait en octobre 601 personnes inscrites comme cultivateurs à domicile. Un chiffre bien éloigné des quelque 10'000 qui, selon l'AECU, font pousser du cannabis chez eux.

Expo Cannabis

Avec 3,3 millions d'habitants, l'Uruguay compte 150'000 consommateurs réguliers de cannabis selon les estimations officielles. Mais, signe d'un certain engouement, des milliers de personnes ont visité cette semaine la première Expo Cannabis du pays, à Montevideo, où l'Etat avait des stands pour présenter sa loi.

Le président et ex-guérillero José Mujica, promoteur de la loi, veut avec cette légalisation couper l'herbe sous le pied aux narcotrafiquants. Il prône aussi un nouveau modèle après l'échec de la guerre contre les drogues menée dans une grande partie de l'Amérique latine.

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