Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Vague de violences xénophobes en Afrique du Sud

Alors que les manifestations anti-immigrés touchent jeudi Johannesburg, des manifestations contre la xénophobie au moins 4000 personnes ont marché contre la xénophobie à Durban, après plusieurs jours de violences qui ont fait au moins six morts.

16 avr. 2015, 18:09
La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants anti-immigrés.

La vague de violences xénophobes, qui a débuté il y a deux semaines à Durban, a gagné jeudi Johannesburg. La police sud-africaine a tiré des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants anti-immigrés, tandis que le président Jacob Zuma a lancé un appel au calme.

Quelque 200 manifestants réclamant le départ des étrangers vivant en Afrique du Sud avaient auparavant lancé des pierres sur des véhicules de police dans la banlieue de Johannesburg.

Lors d'un discours devant le Parlement au Cap, Jacob Zuma a condamné ces violences qu'il a qualifiées de "violation" des valeurs sud-africaines. "Aucun sentiment de frustration ou de colère ne peut justifier les attaques contre les étrangers et le pillage de leurs magasins", a-t-il déclaré, assurant en parallèle que son gouvernement travaillait à un renforcement du contrôle aux frontières.

Manifestants pour la paix

Plus tôt dans la journée, au moins 4000 personnes ont marché contre la xénophobie à Durban, après plusieurs jours de violences qui ont fait au moins six morts. Les autorités locales avaient loué des bus pour l'occasion afin de permettre aux habitants des townships de venir manifester.

Au départ de la marche, la police a toutefois dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser quelques dizaines de contre-manifestants. L'incident a duré quelques minutes.

Les marcheurs étaient tout autant noirs que blancs. "Nge xenophobia Phansi!" et "Hlanganai maAfrika!" ("A bas la xénophobie" et "Afrique unie" en zoulou), ont-ils scandé sous des pancartes proclamant "peace and love" et autres slogans pacificateurs.

Beaucoup se référaient aussi à l'Ubuntu, cette notion et vertu sud-africaine - mélange d'humanisme et de respect de l'autre - exaltée par Nelson Mandela pour promouvoir la réconciliation dans son pays après le régime d'apartheid.

Nouveaux incidents

Alors que les violences semblaient avoir cessé à Durban depuis mardi, des incidents ont éclaté tard mercredi soir dans un faubourg de Johannesburg, après des échauffourées dans le centre-ville le matin. Des magasins tenus par des étrangers ont été attaqués et pillés.

"Deux personnes ont été blessées dans ces incidents", a indiqué la police, précisant que six personnes avaient été arrêtées pour violences publiques et violation de domicile. Plusieurs étrangers ont fui les violences et ont trouvé refuge pour la nuit au commissariat de police le plus proche.

D'autres incidents similaires ont été signalés ailleurs à Johannesburg et à Pietermaritzburg, à moins d'une heure de route dans l'arrière-pays de Durban.

La police a annoncé par ailleurs que le centre opérationnel national chargé de la lutte contre ces violences "serait actif 24 heures sur 24 pour coordonner la réponse des forces de l'ordre à l'actuelle vague d'attaques violentes contre des ressortissants étrangers".

Des incidents similaires avaient endeuillé Soweto et ses environs en janvier, faisant six morts. Et personne n'a oublié les quelque 60 personnes tuées dans les pires émeutes xénophobes d'Afrique du Sud en 2008.

Cinq millions d'immigrés

Pays d'environ 50 millions d'habitants, l'Afrique du Sud compterait quelque cinq millions d'immigrés. Ceux-ci affluent majoritairement du Zimbabwe, du Mozambique, du Malawi et du RDCongo vers l'économie la plus structurée du continent, pour fuir soit des conflits, soit la misère.

Les migrants sont souvent accusés de tous les maux par la population comme par certains responsables politiques. Ils leur reprochent pêle-mêle de résider illégalement dans le pays, de prendre le travail des Sud-Africains, ou de faire une concurrence déloyale aux commerçants locaux, dans des townships où le chômage avoisine les 40%.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias