Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Vatican: un prélat, un espion et un intermédiaire arrêtés pour fraude et corruption

Un évêque, un membre des services secrets italiens et un intermédiaire financier ont été arrêtés aujourd'hui dans le cadre d'une enquête sur l'Institut des oeuvres de religion (IOR), la banque du Vatican. Les trois hommes sont soupçonnés de fraude et corruption, selon les médias italiens.

28 juin 2013, 10:52
Quelque 200'000 fidèles se sont rassemblés dimanche matin place Saint-Pierre, selon le Vatican, pour la messe de Pentecôte célébrée par le pape François.

Un prélat italien du Vatican, un membre des services secrets et un intermédiaire financier ont été arrêtés vendredi par la police italienne. Ils sont soupçonnés d'avoir tenté de rapatrier depuis la Suisse vingt millions d'euros, "fruit d'une évasion fiscale".

Le prélat arrêté est Nunzio Scarano, 61 ans, un prêtre qui a gagné le titre honorifique de "monseigneur" en raison de son ancienneté au Saint-Siège. Il travaillait à l'Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA), l'organisme qui gère les biens du Saint-Siège.

L'homme d'Eglise a été arrêté dans une paroisse des faubourgs de Rome et conduit à la prison romaine de Regina Coeli, a précisé son avocat, Silverio Sica. Il avait été suspendu de ses fonctions il y a plusieurs semaines à la suite de son inculpation dans une autre affaire instruite par le parquet de Salerne, dans le sud de l'Italie.

20 millions d'euros

Selon les juges Nello Rossi et Stefano Pesci sur des soupçons de blanchiment d'argent à l'IOR, la banque du Vatican, Nunzio Scarano aurait participé à une tentative de faire entrer clandestinement au moins 20 millions d'euros en Italie, pour le compte de la famille D'Amico, propriétaire de chantiers navals à Salerne.

S'adressant à la presse, Nello Rossi a précisé que rien pour l'instant ne permettait d'impliquer directement l'IOR dans cette affaire. Les investigations se poursuivent, a-t-il ajouté.

Un jet privé à Locarno

D'après Nello Rossi, Mgr Scarano a engagé en juillet un carabinier travaillant pour les services secrets, pour l'aider à transférer secrètement en Italie l'argent qui se trouvait dans une banque suisse non identifiée. La troisième personne arrêtée est un intermédiaire financier qui a des bureaux en Suisse et aux Canaries.

Un jet privé s'était rendu de Rome à Locarno, (TI) et avait attendu pendant plusieurs jours la "cargaison", avant de repartir sans l'argent. Selon les juges, l'opération a échoué en raison de désaccords entre les trois hommes.

Le Vatican prêt à coopérer

Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a déclaré que le Saint-Siège était disposé à coopérer avec les enquêteurs italiens mais n'avait pas encore reçu de demande officielle. Il a ajouté que l'Autorité d'information financière (AIF) du Vatican suivait elle-même cette affaire et prendrait si nécessaire des mesures.

Dans le dossier de Salerne, Mgr Scarano est accusé d'avoir détourné 560'000 euros en liquide d'un compte à l'IOR, par petites sommes, 10'000 euros généralement, reversées à des proches en échange de chèques. Il aurait ensuite encaissé ces chèques sur un compte ouvert dans une banque italienne afin de rembourser un crédit immobilier.

Selon son avocat, ce sont des amis fortunés du prélat qui lui ont donné de l'argent pour financer la construction d'une maison pour des malades en phase terminale.

Affaire beaucoup plus vaste

L'affaire dévoilée vendredi n'est qu'un aspect d'une enquête beaucoup plus vaste, entamée en septembre 2010, sur le fonctionnement de l'Institut pour les oeuvres de religion (IOR). La justice italienne soupçonnait à l'époque le président de l'IOR Ettore Gotti Tedeschi et le directeur général Paolo Cipriani de violation de la législation contre le blanchiment d'argent.

Plus de 20 millions d'euros avaient été bloqués dans le cadre de cette enquête qui avait conduit, entre autres, au limogeage de la direction de l'IOR. Le pape Benoît XVI, puis son successeur François ont décidé de remettre de l'ordre dans l'IOR, nommant successivement de nouveaux responsables et instaurant des contrôles de plus en plus sévères.

Ces dernières années, le Vatican a ainsi mis en place une Autorité d'information financière (AIF), dirigée par le Fribourgeois René Brüllhardt, un spécialiste de la lutte contre le blanchiment d'argent, qui supervise les opérations de l'IOR, et a nommé un nouveau président de la "banque des papes".

Il y a deux jours à peine, le pape François a créé une commission dont l'objectif semble être de remettre définitivement au pas l'IOR.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias