550 tonnes de viande de cheval ont servi à la fabrication de plus de 4,5 millions de produits frauduleux, dans treize pays européens.
Alors que l'affaire prend une dimension sanitaire après des tests positifs au phenylbutazone, trois hommes soupçonnés de fraude ont été arrêtés au Royaume-Uni.
L'ampleur du trafic a été mis en lumière pour la première fois jeudi par la direction française de la répression des fraudes. La société agroalimentaire Spanghero, fournisseur de la viande des surgelés Findus, a "réceptionné" durant six mois des pains de 25 kilos représentant au total 750 tonnes de viande de cheval.
Celle-ci portait "l'étiquette douanière" correspondant à de la viande de cheval. En attestent les factures saisies entre un trader chypriote et la société française basée dans le sud-ouest.
De ces 750 tonnes, 550 tonnes ont été livrées à l'usine luxembourgeoise de Comigel avec l'étiquette "Viande boeuf origine UE" mais munie d'un code douanier signalant qu'il s'agissait en fait de cheval.
Ceux-ci ont été vendus par Comigel à au moins 28 entreprises dans 13 pays européens, selon la directrice de la direction de la répression des fraudes, Nathalie Homobono.
"Tromperie économique"
La société Spanghero s'est rendue coupable d'une "tromperie économique" et sera poursuivie, a déclaré Benoît Hamon, ministre français de la Consommation. Ce dernier a promis "d'assainir la fillière".
S'agissant de l'entreprise Comigel, qui a fabriqué les lasagnes à la viande de cheval, le ministre a reconnu qu'elle a été bernée: "il s'agissait pour Comigel de viande de boeuf", a-t-il indiqué.
Spanghero, spécialisé dans les plats cuisinés et dans la viande fraîche transformée (steaks hachés, saucisses et autres produits élaborés), a réagi en assurant de sa "bonne foi". Son porte-parole a souligné: "Il y a une enquête en cours qui déterminera les éventuelles erreurs et manquements".
Trois arrestations
En début de soirée, la police britannique a annoncé avoir arrêté trois hommes soupçonnés de fraude. Les interpellations ont eu lieu dans une usine anglaise et un abattoir gallois. Ces bâtiments avaient été perquisitionnés mardi.
Les autorités britanniques ont par ailleurs signalé que plusieurs chevaux abattus au Royaume-Uni contenaient des traces de phenylbutazone, un anti-douleur proscrit dans l'alimentation. Des tests ont été effectués sur les carcasses de de 206 chevaux abattus. Le médicament a été détecté sur huit bêtes dont trois ont été retrouvées dans le Nord-Pas-de-Calais et vont être détruites.
Faible risque
L'anti-douleur n'a en revanche pas été détecté dans les produits Findus testés au Royaume-Uni. Selon le ministère britannique de la Santé, ce médicament est prescrit "à certains patients atteints d'une forme sévère d'arthrite" et la viande testée positive présente un "très faible risque pour la santé humaine".
Pendant ce temps, le scandale a continué à faire tache d'huile. En Allemagne, les supermarchés Real ont reconnu que des tests sur des lots de lasagnes surgelées ont révélé la présence de viande de cheval non signalée sur l'étiquette. Les barquettes incriminées avaient été retirées vendredi dernier à titre préventif.
Tests ADN
Face au tollé, l'Union européenne (UE) a décidé mercredi de lancer une campagne de 2500 tests ADN dans tous les Etats membres et de confier à Europol la coordination des enquêtes judiciaires. Il leur est aussi demandé de procéder à quelque 4000 contrôles pour détecter la présence éventuelle de phenylbutazone.
Outre le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, des traces de viande chevaline ont également été retrouvées en Norvège et en Suisse (chez Coop).