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Xi Jinping va devoir affronter la montée de la contestation au sein de son parti

Il y a un an, les habitants de Wukan descendaient dans la rue pour chasser les chefs communistes de leur agglomération, après des années de prébendes et d'exploitation. Aujourd'hui, leur exemple reste un défi pour le parti communiste, aux prises avec une corruption galopante qui ruine sa légitimité.

06 nov. 2012, 13:57
Le futur président Xi Jinping n'a plus été vu depuis 10 jours.

A partir de jeudi, réuni en congrès à Pékin, le parti communiste se choisit un nouveau chef pour les dix prochaines années. Un poste qui, sauf coup de théâtre, reviendra à l'actuel vice-président Xi Jinping.

Il sera le responsable d'un régime qui devra répondre à l'indignation croissante devant la corruption et aux défis posés par les dissidents et autres militants des droits civiques.
 
Les 12'000 habitants de Wukan s'étaient soulevés en décembre 2011, exaspérés depuis des années par les saisies de terres pour des projets immobiliers. Affrontant les redoutables contingents de la police, ils avaient forcé le chef local du parti à fuir.
 
Symbole d'une aspiration démocratique
 
En dépit de la censure, la révolte avait passionné les internautes chinois et Wukan est devenu un symbole de l'aspiration démocratique en Chine, dirigée depuis 63 ans d'une main de fer par le Parti communiste.
 
Contre toute attente, le gouvernement de la province du Guangdong avait reculé et accepté l'organisation, en mars cette année, d'un scrutin municipal exceptionnellement libre, suivi par la presse mondiale.
 
Aujourd'hui, l'adjoint au maire nouvellement élu a un message pour Xi Jinping: "S'ils n'éradiquent pas la corruption en la réprimant, alors les choses ne vont qu'empirer: cela en encouragera d'autres, et même les nouveaux responsables deviendront corrompus", a déclaré Yang Semao.
 
Le recul du gouvernement et l'organisation d'élections libres ont été vécus comme une éclatante victoire sur le despotisme local par les habitants, mais aussi par une bonne part des 650 millions de ruraux et la frange contestaire de la société chinoise.
 
Manifestations de masse en progression
 
"Le nombre des manifestations de masse augmente de jour en jour et leurs motivations s'élargissent", observe Yang Jisheng, ancien journaliste d'investigation de l'agence officielle Chine nouvelle. "Le 'bureaucrate honni' comme le 'riche honni' font maintenant partie de la psychologie sociale" chinoise, dit-il.
 
"Cela implique que des réformes politiques s'imposent d'urgence", juge-t-il. Mais le PC semble plutôt tenté d'essayer d'étouffer dans l'oeuf la contestation montante: 111 milliards de dollars de budget ont été alloués cette année au "maintien de la stabilité".
 
"Cela dépasse le budget de la défense nationale", souligne Bao Tong, l'ancien bras droit du secrétaire général du Parti communiste chinois limogé en 1989, Zhao Ziyang.
 
Au nom du sacro-saint "maintien de la stabilité", les médias sont strictement contrôlés et les dissidents arrêtés et emprisonnés, tel le prix Nobel de la paix 2010, Liu Xiaobo, qui purge une peine de onze ans de prison pour "subversion": il avait co-rédigé un texte en faveur de l'instauration de la démocratie.
 
Xi va "chevaucher le tigre"
 
Fin octobre, le "New York Times" a publié une enquête dévoilant que la famille du premier ministre Wen Jiabao possédait une fortune colossale d'au moins 2,7 milliards de dollars. Information immédiatement censurée.
 
Conflits du travail, injustices devant des tribunaux contrôlés par le parti, résistances aux atteintes à l'environnement, insécurité alimentaire ou encore brutalités policières: autant de foyers de contestation susceptibles d'agiter le prochain mandat de M. Xi Jinping qui, selon l'expression chinoise, va devoir "chevaucher le tigre".
 
Les millions de manifestants du "printemps de Pékin" de 1989, qui s'est achevé en bain de sang place Tian Anmen, réclamaient déjà la fin de la corruption et des réformes politiques.
 
Avec plus d'un demi-milliard d'internautes en Chine, les éruptions de colère locales sont rapidement connues grâce aux réseaux sociaux, qui menacent ainsi le contrôle du Parti sur l'opinion.
 
A Wukan, les habitants ont réussi à faire entendre leur voix. Reste le problème des spoliations foncières et des compensations financières.
 
"Nous exigeons de récupérer nos terres et l'argent pour les surfaces qui nous ont été volés", martèle un villageois, Liu Hanxu. "Rien n'a été résolu, nous nous sommes fait rouler", dit-il.
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