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La région se réapproprie "sa" star

Après un creux depuis 2002, plusieurs acteurs locaux ont remis Audrey Hepburn sur le devant de la scène.

30 août 2012, 00:01
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sbiedermann@lacote.ch

Un nom, une icône pour beaucoup, mais surtout une femme attachante et d'une gentillesse débordante pour les gens de la région morgienne. Dans un registre bien plus intime que ne l'était son aura planétaire, l'actrice britannique née à Bruxelles Audrey Hepburn ne s'est jamais trop éloignée du coeur des habitants de Tolochenaz, sa terre d'accueil durant presque 30 ans.

Tous ont l'oeil scintillant lorsque l'on évoque l'artiste décédée en 1993, tous ont le même pincement au coeur quand ils regardent l'ancienne résidence de celle qu'ils appellent amicalement "Audrey", baptisée "La Paisible", son havre de paix désormais occupé par des Français. "Elle était en blue-jeans, ce n'était pas la grande diva." Louis Golay, le pédiatre des enfants du jardinier et de la femme de chambre qui travaillaient chez l'actrice, s'en souvient comme si c'était hier.

 

Fermeture du pavillon

 

Quand elle ne préparait pas ses voyages humanitaires en faveur de l'Unicef, celle que certains placent à un rang de célébrité au moins aussi élevé que celui de Marilyn Monroe se déplaçait volontiers dans les commerces de Morges, au marché, dans une simplicité appréciée. "Elle se fondait dans la foule" , se souvient la Tolochinoise Françoise Maier-Payot, une de ses voisines. L'authenticité du personnage a laissé des traces indélébiles. Des souvenirs, des images. Personne n'a oublié cette star qui voulait être tranquille.

Mais depuis 2002 et la fermeture du pavillon qui lui était consacré à Tolochenaz, sa "présence" dans la commune s'amenuisait. La dissension entre les quelque 40 villageois qui géraient bénévolement la fondation et les fils de l'actrice, Sean Ferrer et Luca Dotti, ont eu raison de ce lieu de pèlerinage.

"Il y a eu une rupture, cela ne servait plus à rien de garder le pavillon" , explique Françoise Maier-Payot, qui s'en occupait, évoquant avec une pointe d'amertume cette "séparation".

 

Photos dans un sous-sol

 

" On ne voulait pas que le produit de notre boulot, que l'on reversait à de petites fondations régionales, aille dans les poches des fils" , ajoute-t-elle. Depuis la création de ce petit musée en 1996, on pouvait découvrir quantité de photographies retraçant la vie d'Audrey Hepburn, plusieurs scripts de ses films, ou acheter des dessins réalisés de sa main transformés en cartes postales. Il y avait même des confitures confectionnées avec les fruits du vaste jardin de sa résidence, ou des sachets de lavande, celle-ci y ayant été aussi cueillie. "On recevait en tout cas deux cars de Japonais par jour!" lance Françoise Maier-Payot.

Du coup, un gros creux s'est fait ressentir. Plus de voyages organisés depuis l'étranger. Plus grand-chose à part un buste d'Audrey Hepburn à l'entrée du cimetière de Tolochenaz, absolument pas représentatif de sa féminité. Uniquement quelques touristes japonais non avisés de la disparition du pavillon - où l'on entasse actuellement des bouteilles en PET - qui se cognaient à sa porte fermée, et qui allaient tout de même se recueillir où la célèbre dame repose.

La tombe ne cessant de ce fait d'être fleurie au fil des ans.

L'effervescence qui animait les rues de Tolochenaz et de Morges retomba en effet abruptement. Et les clichés de la star de tomber dans l'oubli. Ils reposaient au sous-sol de la Salle polyvalente tolochinoise, étant d'un trop grand format pour tenir chez Françoise Maier-Payot. "Personne ne les avait vus depuis 2002" , confirme Salvatore Gervasi, le conservateur de la Fondation Bolle, qui, un peu par hasard, a hérité de ces magnifiques photographies. Et d'organiser de ce fait avec plusieurs acteurs locaux diverses manifestations à la gloire de l'actrice.

 

Au-delà des espérances

 

Cet hommage sonne comme un "come-back". Morges et sa région se sont en quelque sorte réappropriés "leur" star. "Cet hommage a réconcilié tout le monde" , se réjouit Salvatore Gervasi. Expositions, spectacles et autres projections connaissent tous un succès phénoménal. "Les gens viennent du monde entier , relève-t-il. L'engouement va au-delà de nos espérances. C'est quelque chose qui a dépassé tout le monde."

"On remarque vraiment un attachement à elle , témoigne Yvan Schwab, conservateur du Musée Alexis Forel. Et il est assez étonnant de voir la modernité d'Audrey Hepburn!" Avides d'anecdotes ou simplement désireux de découvrir l'aspect

du quotidien du personnage, des curieux de tous âges se pressent. "C'est quelqu'un d'exception, qui m'a toujours fascinée" , note Jennifer Weeks, venue de Versoix afin de participer à une des visites menée sur les lieux chers à l'actrice. Et les touristes continueront de venir découvrir sa vie sur les bords du Léman. Bien que le petit musée ne soit pas destiné à rouvrir, une partie des clichés qui s'y trouvaient garnira définitivement une grande salle de la Fondation Bolle.

Quoi qu'il en soit, pour les Morgiens et Tolochinois, "Audrey" restera toujours cette éminente et abordable actrice que l'on respectait, avec qui l'on échangeait volontiers quelques mots. "Je la rencontrais dans les vignes en promenant le chien , sourit Françoise Maier-Payot. Elle était toute simple, sympa!" Plus que des photographies, quelques détails sont à jamais gravés. Et Louis Golay de faire une confidence: "Vous saurez, son vin préféré était le blanc de Féchy."

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