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Le rap de C-Rum casse les clichés

Christophe Pithon, alias C-Rum, propose un premier album innovant. Rencontre avec un artiste atypique.

09 juil. 2013, 09:50
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"Petit, la musique n'était que du bruit pour moi et je m'y suis intéressé beaucoup plus tard" . D'entrée, Christophe Pithon, C-Rum de son nom d'artiste, habitant d'Echandens, propose un regard lucide sur son court passé de compositeur.

Il n'a jamais été forcé d'entrer dans ce monde dont il ne rêvait pas spécialement étant enfant. Mais, au contraire, celui qui a sorti fin juin son premier EP (Extended Play) autoproduit nommé "Fragments", disponible en téléchargement gratuit, serait davantage tombé dans la marmite d'un genre musical bien particulier, le rap, alors qu'il ne s'y attendait pas.

C'est à la mi-adolescence que cet adepte de théâtre, découvre les rythmes endiablés d'IAM ou d'autres, ce qui représentera pour lui "une véritable porte d'entrée dans la musique".

Dès lors, l'envie de créer ses propres morceaux se présentera comme une suite logique. "Dans une musique comme le rap, une majorité du public essaie d'écrire quelques textes, de le détourner à sa propre sauce" , avoue C-Rum.

Deux clips très visionnés

Une fois la plume bien ancrée dans sa main, cet étudiant en lettres à l'Université de Lausanne ne l'a jamais lâchée.

Christophe Pithon commence à composer "des morceaux qui n'ont pas de véritable sens logique entre eux" , mais qui suscitent tout du moins la curiosité de ses amis.

Porté par les premiers retours positifs de ses proches, il décide de transformer une pièce de la maison familiale en mini-studio d'enregistrement et de tourner deux clips de ses chansons, "Pétale de prose" et "Plus de" qui ont été chacun visionnés à plus de 5000 reprises sur la plateforme YouTube.

"J'ai reçu beaucoup de messages positifs qui font énormément plaisir après ces deux titres mais aussi des négatifs qui m'ont donné la motivation nécessaire pour créer de nouvelles choses et leur donner si possible tort" , se réjouit Christophe.

Un souffle porteur qui l'encourage donc à repartir de feuilles totalement blanches afin de griffonner quelques lignes inédites et ainsi monter un premier opus.

Toutes les chansons de "Fragments" forment selon son souhait un bloc, avec des chansons qui racontent une histoire qui ont une suite logique entre elles.

Des "vrais" instruments

Cet album, l'intéressé le découpe en deux parties bien distinctes qui s'avèrent assez originales dans le milieu. Premièrement, le texte occupe - logique pour un homme qui s'imagine prof de français et philo - une part centrale.

Et la force de son texte demeure son originalité à essayer de casser les idées reçues. "Le but du rap n'est pas que de dénoncer, de critiquer. Car aucune solution n'est amenée dans ces cas-là. Dans une situation mauvaise, il faut aussi voir ce qui va bien. Pour ma part, j'essaie à ma manière de transmettre une lueur propre à chacun qui fait que l'on garde espoir" , précise-t-il, faisant l'effort, amusé, de pratiquer une certaine "psychanalyse personnelle" en décryptant ses chansons.

Mais l'authenticité de cet album ne s'arrête pas à son texte. Afin de raconter et apporter du recul sur tous les thèmes du quotidien - dont des images comme celles du Printemps arabe ou de Tien an Men, qui le marquent - il a décidé d'innover en mettant en place des vraies instrumentalisations (violons, batterie et autres) car le manque de mélodie dans le rap brut le dérange quelque peu. "Les rappeurs devraient aller plus loin, repousser le rap et faire de la musique à proprement parler" , pointe le musicien en herbe, adepte de ce que l'on pourrait nommer "rap musical".

Mais cet EP, fruit d'un travail émérite de plus d'une année serait-il donc un aboutissement? "On pourrait le croire en effet mais quand on est dedans, on a envie de faire toujours plus" , termine-t-il, motivé par des projets futurs, et par la possibilité de défendre parcimonieusement cet opus en live , lui qui a déjà goûté à quelques belles mais courtes expériences sur scène.

Pétale de prose

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