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Le Salon international de l'écriture à Echichens fait place aux écrivains pour autrui

Par le passé, on appelait cela nègre littéraire. une appellation plus guère en odeur de sainteté aujourd'hui. Le porte-plume pour autrui ou écrivain fantôme était cependant l'un des métiers méconnus, à découvrir dans le cadre du premier Salon international de l'écriture qui s'est tenu vendredi et samedi à Echichens. Rencontre avec la Lyonnaise Dominique Malmazet Grenard, une habituée du genre.

05 mars 2017, 18:05
Dominique Malmazet Grenard, écrivain public et nègre littéraire: son nom ne figure jamais sur les livres qu'elle rédige pour autrui.

Dans l'univers du politiquement correct, le mot nègre peut choquer. Mais Dominique Malmazet Grenard, l'une des invitées du premier Salon international de l'Ecriture qui s'est tenu en fin de semaine  à Echichens, l'assume, avec une boutade: un homme de couleur est noir et le nègre, c'est moi. En sus de la casquette d'écrivaine publique et en parallèle à une oeuvre littéraire personnelle, avec plusieurs livres publiés sous son vrai nom, la Lyonnaise en compte une de plus: elle met, en effet, sa plume au service d'autrui, pour rédiger les biographies d'anonymes ou de personnalités connues. On ne saura, en l'occurrence, pas lesquelles. Ceux avec lesquels j'ai collaboré sont des gens qui ont une notoriété, qu'on a pu voir à la télévision, précise-t-elle, restant volontairement dans le vague. Je suis tenue à respecter une clause de confidentialité, sauf si la personne m'autorise à en parler, avoue celle dont l'identité n'apparaît jamais en couverture, en compagnie de celui de l'auteur supposé.

Alexandre Dumas n'a pas écrit seul le Trois mousquetaires

Comment et pourquoi cette profession de l'ombre? J'aime la vie, j'aime les gens et l'écriture depuis toujours. Lorsque je fais ce travail, je me mets à la place d'autrui. Je ne dois rien laisser apparaître de moi, de mon ressenti. Le sujet, c'est l'autre, ce n'est pas moi. Il faut être curieux, mais jamais voyeur, la ligne entre les deux est parfois mince, affirme-t-elle. Elle rappelle, au passage, que le recours aux négres littéraires n'est pas réservé aux footballeurs et autres people. Les plus grands écrivains ont, en effet, recouru aux services d'une plume auxiliaire. C'est le cas, en particulier, d'Alexandre Dumas père, auteur prolifique, notamment des Trois mousquetaires, et même, paraît-il, de Shakespeare. Lors d'une conférence, Edgar Bloch, président d'Impressum-Vaud, le syndicat des journalistes, a soulevé le problème de la non-reconnaissance des droits des écrivains de l'ombre, notamment à une rétribution, et les aspects éthiques liés à un manque de transparence favorisé par  une législation floue. Le lecteur doit pouvoir savoir que le livre qu'il achète a été écrit par quelqu'un d'autre que son auteur officiel. Ce manque de transparence touche souvent les publications concernant des recherches scientifiques, où les cas de plagiat sont régulièrement mis en lumière.  

Retrouvez cet article dans son intégralité dans l'édition de lundi du Quotidien de La Côte

   

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