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Magasins de ferme: «Des mercis qui font chaud au cœur»

Les producteurs de toute La Côte se réorganisent pour faire face à l’interdiction de participer à des marchés en développant ou en renforçant leur offre de vente directe.

21 mars 2020, 17:59
Les clients ont découvert depuis vendredi la nouvelle formule, à l'extérieur, du magasin à la ferme des Biolettes à Ballens.

Image inhabituelle au Domaine des Biolettes, à Ballens, ce samedi matin. Cinq tentes ont été installées à l’extérieur présentant de riches étals de fruits et légumes. Devant chaque stand, un marquage au sol a été délimité afin de respecter les prescriptions sanitaires et, au service, au moins deux vendeurs, l’un pour préparer les paniers de fruits et légumes biologiques et l’autre pour gérer les paiements. L’acheteur reste à bonne distance, dictant ses desiderata de loin.

Un changement de régime radical pour les clients habitués à fréquenter le magasin de vente directe à la ferme, chaque jeudi en fin d’après-midi, situé à l’intérieur, ou alors les marchés de Lausanne, Morges et Nyon où Gilles Roch est présent. Lui et son épouse Pascale, comme tant d’autres maraîchers de la région, privés de clients, ont dû se réorganiser en urgence pour ne pas sombrer. Presque une question de survie.

On ne comprend pas pourquoi les marchés en ville ont été supprimés.
Pascale Roch à la tête du Domaine des Biolettes avec son mari Gilles Roch 

«On ne comprend pas pourquoi les marchés en ville ont été supprimés, il était possible de les organiser en respectant les normes sanitaires, déplore Pascale Roch. On vit de notre production et on ne dispose pas de marge de sécurité pour combler l’énorme manque à gagner qui s’annonce.» Selon l’estimation du couple, le chiffre d’affaires pourrait baisser d’un tiers à près de la moitié.

Magasin mutualisé en ligne

Pour limiter la casse, la nouvelle version en extérieur du magasin de ferme est proposée tous les jours, sauf le lundi. «C’est génial», s’enthousiasmait Nathalie Borter, venue par hasard faire son marché à Ballens. Adepte du marché de Morges, de produits biologiques, de saison et locaux, l’habitante de Tolochenaz avait fait un saut, samedi matin, à Montricher pour acheter son pain bio et du beurre et c’est là qu’elle a appris l’existence du magasin des Biolettes.

A Aubonne, le maraîcher Raphaël Gétaz fait aussi les frais de la fermeture des restaurants qu’il fournissait, ainsi que de celle des marchés, alors que celui du bourg venait à peine de redémarrer. Mais le producteur des Jardins de Chivrageon n’est pas de nature à baisser les bras. Il a imaginé une alternative qui mêle survie économique pour lui et ses collègues et responsabilité sociale. «C’est important de prendre soin de tout le monde et de faire preuve de solidarité envers les personnes à risque», affirme-t-il. L’Aubonnois a récemment mis en ligne une plateforme d’achat commune à six producteurs – et cela pourrait augmenter. Les livraisons sont gratuites pour les personnes les plus fragiles via un réseau de bénévoles qui s’est mis en place.

Face à cette situation, les faîtières ne baissent pas les bras. L’Union suisse des paysans comme d’autres mouvements de défense de la profession prévoient d’intervenir auprès des autorités fédérales pour que les marchés hebdomadaires ne proposant que des aliments restent admis sous certaines conditions.

«Des mercis qui font chaud au cœur»

Ailleurs, où la vente directe dans un magasin de ferme situé sur une exploitation est autorisée, c’est l’effervescence. «On n’arrive pas à suivre avec notre production, la clientèle a doublé, voire triplé, relève Pierre Heuberger, de Panier gourmand à Signy-Avenex. Du coup, on collabore avec des collègues qui ne peuvent plus faire les marchés.» Le magasin a ainsi aussi étendu ses horaires pour faire face à la demande de la clientèle, tout en appliquant des consignes sanitaires strictes. «Cette crise a amené une prise de conscience de la part de certains consommateurs qui se rendent compte que nous ne sommes pas des pollueurs, que l’on nourrit la population et que l’on se dévoue pour elle, relève l’agriculteur. Je n’ai jamais autant reçu de mercis de la part de gens, cela fait chaud au cœur.»  

Je n’ai jamais autant reçu de mercis de la part de gens, cela fait chaud au cœur.
Pierre Heuberger agriculteur à à Signy-Avenex 

«J’ai fermé de façon temporaire afin de préserver la santé de tous, explique de son côté Cédric Kilchherr, du Magasin à la ferme Le fruit défendu, à Commugny. J’espère rouvrir dès la semaine prochaine si j’arrive à trouver le temps de reconfigurer les lieux afin d’éviter de faire prendre des risques tant aux clients qu’à mes collaborateurs qui travaillent aussi bien au magasin qu’à la production.» 

Informations pratiques

Où trouver un magasin de ferme: https://www.a-la-ferme.ch/ 

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