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Napoléon: pourquoi Morges ne conserve pas cet héritage impérial

Pourquoi les objets de Napoléon, offerts par Olivier Noverraz, ne demeureront-ils pas à Morges? La direction des musées du Château met en avant l’esprit de collaboration entre les institutions culturelles du canton.

30 sept. 2019, 11:46
Pascal Pouly, ancien conservateur-adjoint, désormais chargé de la direction des collections. Ici lors de l’exposition «Les Vaudois de Napoléon», l’un des événements dédiés à l’Empereur et à la Grande Armée.

Il s’appelle Olivier Noverraz. Il y a peu, ce Morgien empêchait la vente aux enchères d’une série d’objets ayant appartenu à Napoléon Bonaparte et ayant accompagné celui-ci en exil à Sainte-Hélène (lire ici). Ces possessions de l’Empereur déchu avaient été ramenées en Suisse, après sa mort, par Jean-Abram Noverraz, l’un de ses derniers fidèles, à la fois valet de chambre, secrétaire et homme à tout faire.

Pour rappel, Olivier, descendant indirect de Jean-Abram, a hérité, à la mort de sa mère, de ce legs précieux, de par sa valeur matérielle et historique, remis aussitôt à un parent, qui voulait créer une chambre napoléonienne.

Des appuis solides

La suite est hélas triste: le cousin, endetté, est obligé de remettre les pièces en question, dont une grande aigle en bois doré, avec valeur estimée à 4 millions de francs, au seul prêteur à gages du canton. En l’occurrence, si Olivier Noverraz, informé par une petite annonce dans la presse, parvient à annuler l’échéance menaçante, ce n’est pas seulement le fruit d’un coup de chance ou de son aptitude à convaincre l’organisateur de la vente, dépositaire de ce patrimoine, dont l’habitant de La Coquette entend faire don au public.

En fait, frappant aux bonnes portes, il trouve des appuis solides. Notamment le Musée cantonal d’archéologie et d’histoire (MCAH) à Lausanne. C’est, en substance, Pascal Pouly, alors conservateur-adjoint des musées du Château de Morges, qui le met en contact avec Lionel Pernet, conservateur du MCAH, d’emblée enthousiaste. Pourquoi, dès lors, sollicitée, la direction des musées morgiens n’a-t-elle pas fait valoir son droit à acquérir ces onze pièces?

Des liens de partenariat plutôt que de concurrence

La conservatrice Adélaïde Zeyer est formelle: «Ce n’est pas un désintérêt de notre part. Mais, par déontologie professionnelle, lorsque des objets remontent à la surface, nous vérifions toujours, entre musées vaudois, s’ils ne pourraient pas trouver place dans une collection déjà existante, par volonté de cohérence et de pertinence. Dans le cas présent, Jean-Abram Noverraz a offert l’essentiel des biens qu’il avait reçus de l’Empereur au MCAH. A noter que, si nous avons peu de témoignages napoléoniens, nous exposons néanmoins une selle et un fusil dans le contexte d’un prêt longue durée du MCAH. De plus, par notre vocation, nous privilégions surtout la vie militaire et l’histoire vaudoise.»

Un avis corroboré par Pascal Pouly: «Les relations entre musées reposent sur le partenariat: nous partageons nos connaissances, nos réseaux et tout ce qui peut servir aux uns et autres. La concurrence entre nous n’est pas à l’ordre du jour. Nous collaborons souvent avec le MCAH, ainsi en 2009, pour l’exposition intitulée «Les Vaudois dans le monde».»

Projets et réorganisation

On relèvera, encore, à bref délai, que le château sera engagé dans des projets importants, comme une exposition sur les femmes – relativement absentes dans ce lieu «masculin» – et le pouvoir, du XVIe au XXe siècles, dès septembre 2020, ainsi qu’une restructuration de l’espace dédié à la figurine, inaugurée au printemps. Sur le plan des effectifs, enfin, l’équipe s’enrichit d’un nouveau conservateur-adjoint. Patrick Schibli assumera le poste de Pascal Pouly, qui, au musée depuis 1986, reprend, quant à lui, la direction des collections.

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