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Sonneurs de cloches d'un jour

Des passionnés réhabilitent l'art campanaire dans toute la Suisse.

03 févr. 2014, 00:01
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Jlaurent@lacote.ch

La quête du Graal prend parfois la forme d'une cloche. Les chevaliers des temps modernes, armés de leurs appareils photos et enregistreurs audio et vidéo, se sont levés de bon matin, samedi, pour s'en aller sur les chemins de La Côte, d'église en église, afin de voir et d'entendre, enfin, l'objet de leur convoitise. Le périple des campanophiles débutait à Saint-George, passait par Bière et Apples, et s'achevait à Mont-la-Ville. Venus de toute la Romandie et de Savoie, ces six passionnés d'art campanaire avaient répondu à l'appel de l'un deux, Claude-Michaël Mevs, alias Quasimodo, à l'origine de la visite.

 

Sonnerie à la force du poignet

 

Journaliste, animateur radio, le Fribourgeois a créé un site internet (http://quasimodosonneurdecloches.ch), dédié aux cloches des églises de Suisse et de France. Sans formation académique dans ce domaine, il s'est initié au contact de professionnels de l'art campanaire et envisage de débuter des cours de musique afin de mieux cerner l'univers musical des cloches.

Le but de la visite de samedi était de réaliser un reportage (audiovisuel et photographique) qui sera ensuite publié sur le site internet du Fribourgeois et enrichira le recensement existant. "L'objectif est de vulgariser tout ce qui a trait à l'art campanaire, de faire connaître les trésors de nos clochers au plus grand nombre et de communiquer un certain enthousiasme ", expliquait Claude-Michaël Mevs. "C'est un patrimoine ignoré mais inestimable. C'est important d'initier la population à cette richesse" , renchérissait Guilhem Lavignotte, organiste à Yverdon-les-Bains.

Peu avant 10 heures du matin, les Saint-Georgeais ont eu la surprise d'entendre sonner les cloches de l'église du village - elles ne carillonnent habituellement que pour les cultes, mariages ou enterrements, la sonnerie des heures étant assurée par la cloche du village, mécanisée.

"C'est unique en Suisse ce que l'on a ici, un véritable petit chef-d'oeuvre" , s'exclamait, conquis, Claude-Michaël Mevs. Le clocher du temple saint-georgeais abrite trois cloches coulées en 1876 par le fondeur zurichois Jakob Keller. "Les cloches Keller, reconnaissables à leur profil lourd et leur iconographie néo-gothique soignée, sont rares en Suisse romande. Il s'agit à ma connaissance de la seule sonnerie de ce fondeur en terre vaudoise. Lui confère encore plus d'originalité le fait qu'elle soit actionnée aujourd'hui encore à la corde, ce qui est unique dans notre pays pour des cloches de ce poids" , expliquait le passionné. Car l'ensemble pèse deux tonnes et demie.

 

Fondeur nomade

 

C'est à peine si les six campanophiles ont laissé aux sonneurs habituels le soin de tirer les cloches. Comme des gamins, ils ont tour à tour sonné les trois cloches de Saint-George. Et le clocher puis le ciel saint-georgeais de vibrer aux sons de l'airain de cette sonnerie homogène. "Cela fait 25 ans que je rêvais de sonner manuellement des cloches. C'est la troisième fois que j'en ai l'occasion mais à chaque fois j'éprouve la même fascination. Quand on entend une belle cloche, on est saisi, à tel point que l'on ne peut plus bouger, émerveillé et touché au plus profond de soi-même", témoignait Guilhem Lavignotte.

A Bière, les passionnés ont été attirés par le caractère historique de l'ensemble campanaire, par ailleurs hétérogène. Trois cloches baroques du XVIII e siècle sont l'oeuvre de deux fondeurs différents: Livremont de Pontarlier a fondu deux cloches à deux dates différentes (1764 et 1772) et Meuron, père et fils, de Saint-Sulpice (NE), une en 1740.

On y lit des inscriptions savoureuses, livrant le son de cloche de l'instrument lui-même: "J'appartiens à la commune de Bière. 1764. A. Livremont de Pontarlier m'a faite." Ou encore: "J'appartiens à l'honorable commune de Bière. Rendez-vous aux sons de nos voix Dans le temple du Roy des Roys". "A l'époque, les fondeurs, qu'on appelait saintiers, était nomades. Les cloches de Bière ont vraisemblablement été fondues sur place" , expliquait Claude-Michaël Mevs. Ce que semble confirmer Henri Burnier, historien local, dans son ouvrage (lire encadré).

A Apples, place à des ouvrages plus récents, du début du XX e siècle. "On y trouve quatre cloches, datant de 1907, d'un de mes fondeurs modernes préférés: Jules Robert, un Nancéen établi un temps à Porrentruy. Ses cloches ont toujours une belle sonorité, et leur iconographie réformée est soignée, richement ornée, un des particularités de ce fondeur" , s'enthousiasmait Claude-Michaël Mevs.

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