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Dans les coulisses de la seconde main

Depuis 45 ans, l’Escale œuvre pour redistribuer des biens. Reportage dans les locaux de l’association.

25 janv. 2017, 17:57
/ Màj. le 26 janv. 2017 à 10:00
Saint-Prex, mardi 24 janvier 2017, reportage au sein de la structure "l'Escale", magasin de seconde mains, association à but non lucratif, photos Cédric Sandoz

Il est 9h et les premiers bénévoles sont déjà en place dans les locaux de l’Escale àSaint-Prex, ce mardi matin. A l’arrivage, des visiteurs commencent à déposer des sacs de vêtements. D’ici quelques heures, ils seront prêts à partir à l’étranger ou à être vendus en boutique. Mais avant cela, ils passeront entre plusieurs mains. Depuis presque 45ans, ils sont septante à se relayer bénévolement dans les différents secteurs, afin de trier, nettoyer, plier, emballer ou jeter. Le but, différencier tout ce qui pourra être vendu ou donné, de ce qui prendra le chemin de la poubelle.

Retour sur ces étapes réalisées dans l’ombre, mais sans lesquelles ces marchandises ne pourraient pas avoir une seconde vie.


Du tri à l’emballage
L’association souhaite privilégier le contact entre les donateurs et le personnel. Pour cela, les articles sont déposés à l’entrée, pendant les heures d’ouverture: «Nous ne mettons pas de containers devant car nous voulons accueillir les gens, les sensibiliser sur le fait qu’ils réalisent un don», explique Reto Lampert, directeur de l’Escale. Un premier tri est effectué dans cet espace pour sélectionner les affaires en état qui pourront se diriger vers les étapes suivantes. Les donateurs défilent dans le hall, les cartons se remplissent en un court laps de temps: «Et nous sommes dans une phase calme aujourd’hui...»


Dans cette grande surface de 800 m2, chaque secteur a sa spécialité et tout est organisé de telle sorte que rien ne se mélange. Au vu de la quantité de dons, un classement précis est indispensable.


Des bénévoles engagés
Un peu plus loin, Maya Pantel et Paul Hannesschläger étiquettent les bibelots destinés à la vente en magasin ou aux marchés aux puces organisés deux fois par année par l’Escale: «On ne jette que ce qui est cassé, certains objets sont en très bon état et partent directement en boutique, alors que d’autres, nous devons les rafistoler», raconte ce bénévole offrant ses services depuis dix ans.

Comme lui, plusieurs retraités, civilistes, ou personnes souhaitant occuper leur temps libre effectuent un tournus auprès de l’association. Cette équipe est complétée par quelques employés. «Je trouve que l’Escale est un endroit où on donne un sens à la solidarité, à l’éthique, au recyclage et au bénévolat. C’est pour maintenir ces valeurs que les gens viennent», ajoute Reto Lampert. Et Helena Baehler d’ajouter «que cela lui a permis de s’intégrer dans une région qu’elle ne connaissait pas à son arrivée.» Celle qui plie des vêtements est dans sa troisième année de bénévolat. La pièce dans laquelle elle travaille est une des plus imposantes de la surface. Ici, les sacs sont vidés sur des grandes tables, pour faciliter la sélection. «On reçoit du haut de gamme, sourit Cileide Rittener. C’est vrai, on est gâtés au niveau des marques, certains nous amènent même des habits qui sortent du pressing! Mais on a bien sûr de tout, comme des habits pas lavés...» Des pièces pour enfants aux chaussures et chapeaux, les dons sont variés. Certains sont en parfait état, d’autres ont besoin d’un coup de neuf.


L’hiver, une phase plus difficile
Si la quantité d’habits semble à première vue être débordante, depuis quelques années, l’Escale constate une baisse des dons vestimentaires en janvier et février. Et la période est plus difficile que les autres notamment au vu des grandes vagues de froid: «Nous avons toujours de la demande en hiver, pour toutes sortes d’habits, continue Reto Lampert. Ce sont effectivement des semaines creuses, mais cela reprend après lors des rangements en fin de saison. Le défi est de réussir à fidéliser les gens pour leur montrer qu’on a besoin de dons toute l’année.» L’Escale a aussi fourni des pièces chaudes à des centres de réfugiés et répondu la semaine dernière à une demande de sacs de couchage destinés à des sans-abri lausannois.


La vente en boutique et les envois à l’étranger
Sur la totalité des dons, environ 3/4 sont destinés à prendre le chemin de l’étranger pour des projets humanitaires. En 2016, 80 tonnes de marchandise ont ainsi été envoyées vers 17 destinations (telles que la Roumanie, l’Ukraine, Haïti ou le Bénin): «Tout part pour des projets humanitaires définis en amont, complète Reto Lampert. Nous envoyons dans des cartons minutieusement étiquetés, cela fait partie de notre philosophie, de donner une dignité aux gens qui reçoivent.» L’association lausannoise Textura en reçoit aussi une partie.

Le quart restant part dans la boutique de l’association, qui se trouve dans ces mêmes locaux à Saint-Prex. «Il y a toujours des gens qui n’aiment pas porter du deuxième main mais cela évolue. Finalement, cela devient presque une mode, termine le directeur. Tant mieux, car cela nous aide beaucoup! Les clients? C’est très équilibré, certains viennent acheter pour nous soutenir, d’autres parce qu’ils en ont besoin. Il y a des familles monoparentales ou des grands-parents qui prennent pour leurs petits-enfants.» Entre les rayons, Nadine Jaccard est une habituée: «Je viens chercher du seconde main depuis plusieurs années. J’amène et je repars toujours avec quelque chose.»

C’est grâce à des personnes comme elle que l’Escale arrive à tourner au quotidien, et depuis tout ce temps. Car chaque don s’ajoute comme une maille à cette chaîne de la seconde main.

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