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Un épicurien qui s'assume

Jean-Claude Vaucher, directeur général des caves Schenk, a été sacré nouveau Gouverneur du Guillon.

13 avr. 2012, 00:01
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Après onze années à la tête de la Confrérie du Guillon, Philippe Gex annonçait en 2011 son intention de passer la main. C'est officiellement chose faite depuis le 23 mars, après une cérémonie dans le cadre grandiose du Château de Chillon, écrin traditionnel des ressats (lire lexique) des Compagnons vaudois. Intronisé en 1986, le Neuchâtelois d'origine et Aubonnois d'adoption Jean-Claude Vaucher, actuel dirigeant général du Groupe Schenk (Rolle), est nommé Conseiller en 1988, par le célèbre préfet tartevinois Albert Munier. Le voici désormais nouveau Gouverneur du Guillon.

" Après 26 ans, je ne m'en lasse pas ", déclare l'heureux élu, rayonnant. " Il règne parmi nous une telle amitié, un tel esprit de fraternité, c'est un mouvement fantastique, qui ne rassemble que des bénévoles motivés avant tout par l'esprit confraternel, l'humour et la culture épicurienne. Le ressat, c'est un peu le cabaret du canton. "

Fondée en 1954, la confrérie s'est voulue dès l'origine un organe de défense et illustration des vins vaudois. " Cette promotion se fait avant tout par le biais des ressats ", explique Jean-Claude Vaucher, " des soirées hors normes qui marqueront l'invité et lui permettront une expérience unique de nos terroirs. Notre but est de "fabriquer" des ambassadeurs de nos terroirs, d'inoculer le virus du vin vaudois. Ce n'est certes pas donné (ndlr: une place à un ressat coûte 200 francs à un Compagnon, 230 francs à son premier convive, 250 francs aux invités suivants ou aux non-membres), mais cela comprend un repas gastronomique, avec des vins largement servis, plus un apéro et dix présentations dont des chants et des cors de chasse... Niveau promotion, c'est d'autant plus profitable aux vignerons dont les produits sont servis qu'elle est gratuite. Ils doivent payer une taxe à l'Office des vins vaudois, mais pas à la confrérie. "

Pas question d'ailleurs de se substituer à l'OVV: " Nous tenons absolument à éviter la semi-professionnalisation, qui ruinerait l'esprit de bénévolat, le ciment actuel de la confrérie. De toute manière, l'engagement de nos membres est déjà conséquent. "

Une cotisation annuelle de 120 francs, qui donne droit à recevoir deux fois la revue éponyme de la Confrérie, lui permet de couvrir ses frais. Chaque ressat voit l'intronisation de douze à quinze nouveaux membres.

 

"Une autre manière d'appréhender la vie"

 

Un tel bénévolat, selon le Gouverneur, suppose moins de moyens financiers que de temps libre et de volonté d'engagement: " Chez nous, il y a tous les corps de métiers, du directeur de banque à l'employé communal. Toutefois, on remarque une tendance intéressante: depuis l'ouverture de la confrérie aux femmes en 2004, sous l'impulsion de Philippe Gex, celles de ces dames qui font une demande d'adhésion sont d'un niveau socioculturel nettement au-dessus de la moyenne. " Elles représenteraient entre 5 et 6% des troupes.

Ouvert à tous et toutes, le Guillon revendique malgré tout son élitisme, qui implique une organisation stricte des soirées et un certain décorum: " Nous tenons à proposer un cadre haut de gamme, parce que nos vins le méritent. Notre ambition, c'est de remonter le prestige du vin vaudois, de quitter l'esprit purement carnotzet. Mais les gens ne s'en rendent généralement pas compte, parce que la mécanique est bien huilée. Même si on est entre épicuriens, il y a un certain cérémonial, pour conserver la dignité de l'événement. Tout est minuté, pour que ça ne déborde pas, pour éviter que la soirée soit trop longue. " Moins pointus, les cotterds constituent le second volet promotionnel du vin vaudois dans diverses régions de Suisse. L'un d'entre eux aura bientôt lieu, et c'est une grande première, en Savoie.

" Les Français se lèvent tous les jours face au plus beau vignoble qui soit et n'en boivent jamais une goutte! Nous comptons étendre sa promotion auprès des belles tables d'Evian et alentours. "

 

"Le vin est un liant humain extraordinaire"

 

Pas forcément évident, au vu de l'hygiénisme ambiant, de défendre un produit alcoolisé: " Il est clair qu'on vit dans une société de névrosés, de pisse-froid, qui ne savent plus apprécier les plaisirs de la vie! Trop de gens vont chez le psy, les maladies psychosomatiques fleurissent, la cigarette c'est mal, l'alcool aussi, les frites aussi, le coca encore pire... Notre idée est de faire comprendre aux gens qu'il y a d'autres manières d'appréhender la vie. Le vin est un liant humain extraordinaire, et il est aussi bon pour la santé s'il est consommé raisonnablement. Mais attention, nous n'incitons personne à la beuverie, et je n'ai jamais vu quelqu'un tituber au Guillon, ni entendu parler d'un seul permis retiré. " Quelque peu chambré lors de la cérémonie pour sa forme physique, par comparaison avec la prestance de son prédécesseur, l'intéressé conclut en riant qu'il n'est pas nécessaire d'avoir de la bedaine pour assumer ses fonctions et déclare ne pas compter en prendre à l'avenir!

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