Cela faisait trois ans que les habitants de Gland et des environs dans le besoin pouvaient venir y chercher des aliments gratuits. La Pépicerie de Gland s’était donné pour mission de distribuer les invendus des grands magasins et des commerces locaux. L’occasion de faire d’une pierre deux coups: diminuer le gaspillage alimentaire tout en donnant un coup de pouce aux personnes à revenus modestes.

Ce mercredi, la Pépicerie vivait sa dernière distribution. Et pourtant, ce n’était pas par manque de visites. Chaque semaine, elle accueillait au moins une trentaine de personnes.

Un ras-le-bol qui a couvé

Que s’est-il donc passé pour que la petite structure, soutenue financièrement par la commune, cesse brusquement son activité? C’est en fait un feu qui couve depuis quelque temps déjà, et, cette fois-ci, le fondateur du lieu n’en peut plus. «Il y a de la petite délinquance: choses cassées, chaises entassées, et le frigo est régulièrement débranché», regrette Maurizio Margarone, responsable de l’endroit avec une équipe de sept bénévoles.

Je ne peux plus continuer dans ces conditions.

Maurizio Margarone fondateur de la Pépicerie à Gland

Sa patience est arrivée à bout. «C’est fatigant, souffle-t-il. Pourtant, je ne m’arrête pas aux détails. J’ai balayé les quelques mégots qui traînaient parfois. Mais là, je ne peux plus continuer dans ces conditions.»

La Pépicerie fait partie de la Pépinière, un lieu dédié aux projets participatifs, socioculturels ou associatifs. Le soir, le site est devenu un lieu de rencontre pour les jeunes. «Il faut faire attention à ce que cet endroit ne devienne pas la zone, s’inquiète Maurizio Margarone. C’est dommage. C’est un beau lieu, avec de beaux projets, mais cela donne une mauvaise image de lui.»

Davantage de surveillance?

Le gérant de l’épicerie salue cependant les actions entreprises par les travailleurs sociaux. «Ils font du bon travail, ainsi que la commune qui fait de son mieux. Mais peut-être faudrait-il demander à la police de faire davantage de rondes dans le secteur», soulève-t-il. Il espère que le site soit mieux surveillé, avec peut-être encore davantage de prévention.

Du côté de la Municipalité, on a entendu parler des comportements potentiellement problématiques des jeunes, mais pas de la situation de la Pépicerie en particulier. «Il faudrait que nous rencontrions Monsieur Margarone pour en discuter», note Jeannette Weber, municipale à Gland qui a repris le dicastère de la jeunesse en juillet dernier. Des discussions devraient donc être entreprises entre les différents acteurs du lieu.

En attendant, l’épicerie gratuite va bel et bien fermer, et on ne sait pas pour combien de temps. Un coup dur pour les bénéficiaires, après l’arrêt des bus-épiceries Caritas.

Les solutions sur La Côte

Par contre, Rolle dispose toujours de SolidaRolle, chaque vendredi soir. A Morges, c’est l’association La Halte qui propose ces distributions. A Nyon, La Soliderie avait fermé, mais ce sera pour mieux rouvrir, vraisemblablement l’été prochain. «Cela prend du temps aux gens d’avoir le courage de venir, c’est pour cela que nous voulions construire un lieu durable», soulignent Nadia Crivelli et Héloïse Crisinel, deux des trois coprésidentes.

En savoir plus: De Nyon à Morges, ils luttent contre le gaspillage alimentaire pour nourrir les plus démunis

Maurizio Margarone rappelle aussi l’existence des cartes Caritas, pour faire ses courses dans les épiceries du même nom. «Beaucoup de gens ne savent pas qu’ils peuvent faire une demande pour y avoir droit», note-t-il.

A Gland, la petite délinquance a eu raison de la Pépicerie

Mercredi soir, c’était la dernière distribution de cette épicerie gratuite, qui «sauvait» les invendus des grandes surfaces et commerces locaux. Le vandalisme ambiant a poussé son gérant à tout arrêter.