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Amodiataires de père en fils

Depuis soixante-neuf ans, la famille Morax loue des terres.

26 sept. 2012, 07:17
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Dans la famille Morax, on est amodiataires de père en fils. Non, plutôt de grand-père en petit-fils, soit depuis trois générations, autrement dit depuis soixante-neuf ans. Autant dire un bail si l'on sait qu'un amodiataire est le bénéficiaire d'une amodiation, en l'occurrence le locataire d'une vaste surface de pâturages propriétés de la commune de Saint-Cergue connue sous l'appellation de "Couvaloup de Saint-Cergue", qui totalise vingt-cinq hectares.

Les Morax, que l'on appellera ainsi puisqu'il s'agit d'une famille au sein de laquelle on ne recherche pas à dégager les individualités mais plutôt à serrer les coudes à la tâche, ont d'abord occupé la ferme de la Chenalette durant sept ans avant de s'installer à Couvaloup. Dans la cuisine où nous reçoit Jean-Jacques Morax, des cloches commémoratives sont suspendues à une poutre. Sur l'une d'entre-elles, on peut lire "1993 - 50 ans d'alpage". Elles racontent une certaine histoire de la famille, celle qui a lieu à la montagne. Pourquoi l'alpage alors que l'on se trouve dans le Jura. Point d'interrogation que personne n'explique vraiment. Ces cloches d'apparat sont réservées aux grandes occasions, notamment la Désalpe. Dans les champs, les vaches portent des "chamonix" ou des "seneaux". Ces sonnailles permettent de les localiser ainsi que savoir ce qui se passe dans le troupeau dont elles sont un peu le pouls.

 

L'histoire va se poursuivre

 

Les deux fils de Jean-Jacques, Yann et Thibault, ont tous deux été formés à l'école d'agriculture de Marcelin. La relève est assurée et l'histoire va se poursuivre. Dans les pâturages de Couvaloup de Saint-Cergue, ce ne sont pas moins de trente et une vaches laitières qui broutent une herbe aux qualités biologiques incontestables qui, chaque jour, et même deux fois par jour, va être transformée en lait. À ce propos, Jean-Jacques Morax avoue une certaine morosité face à la chute régulière de son prix. Au-delà des turpitudes du marché, on sent un attachement atavique au métier d'éleveur qui permet de relativiser un peu un jeu dont on ne crée pas les règles. " Si la passion n'était pas là , poursuit-il, il n'y aurait pas de vaches, pas de production laitière. On est du reste même pas sûr de faire du bénéfice sur le lait et il est inutile de compter ses heures. La présence de la génération montante est une motivation" . Et les heures, il y en a entre la première traite de cinq heures et la deuxième de dix-sept heures. En cette fin du mois de septembre toutefois, le rythme se ralentit un peu parce que les vaches se dirigent vers une période sans lactation. Mais une autre fièvre monte, celle de la redescente en plaine annoncée par les premiers frimas et le raccourcissement des jours. "Avant que la Désalpe ne soit organisée, se souvient Jean-Jacques Morax, chacun descendait de son côté sans trop s'en faire. Maintenant, que tout est organisé, on se donne un peu plus de peine, on nettoie les bêtes", précise-t-il. Mais il y a une tension supplémentaire. Lorsque les vaches arrivent à proximité de la foule, elles ne voient plus où elles vont. Elles sont en plus attirées par la plaine et poussées par le bruit de celles qui viennent derrière. Heureusement, les choses se passent bien depuis vingt-cinq ans et il n'y a pas de raison que cela change.

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