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Des bibliothécaires sillonnent la région pour partager leur passion des livres

Des bibliothécaires font le tour du lac à vélo, cette semaine, pour rencontrer le public et partager leur passion. Reportage.

21 juin 2017, 15:57
/ Màj. le 21 juin 2017 à 16:01
Rolle, mardi 20 juin 2017, reportage sur le Cyclo-Biblio, 4ème édition, à la bibliothèque de Rolle, photos Cédric Sandoz

Depuis le début de la semaine, 70 bibliothécaires de France, de Suisse, de Belgique et même d’Espagne, n’hésitent pas à mouiller leur maillot pour aller, à vélo, rencontrer leurs collègues, le public et les autorités autour du Léman. Ils pédalent dans le cadre de Cyclo-biblio, un mouvement qui a vu le jour en Finlande en 2011 et dont la branche francophone en est à sa 4e édition.

Après Montpellier-Lyon en 2014, Bâle-Strasbourg en 2015 et Toulouse-Bordeaux en 2016, 2017 se fait en boucle, de Genève à Genève. Trois cents kilomètres autour du lac qui donnent le temps aux participants d’échanger sur leur pratique professionnelle, d’aller à la rencontre d’une vingtaine de bibliothèques et du public pour un véritable plaidoyer en faveur du rôle que ces lieux de culture ont à jouer dans la société. En début de semaine, ils ont fait trois escales sur La Côte.

A Terre Sainte

Lundi, au deuxième jour du périple, les cyclistes étaient attendus à la bibliothèque intercommunale de Terre Sainte, vers 17h30. Avec des températures dépassant les 30degrés, les autorités, les responsables d’école et les bibliothécaires locaux auraient sans doute accordé au peloton quelques minutes de retard sur l’horaire: il s’agissait de la première étape à vélo et la mise en jambe par cet après-midi de grosse chaleur promettait d’être plus qu’un simple échauffement. Mais c’était compter sans l’enthousiasme de l’équipe et l’effet de groupe! A 17h25, avec 5minutes d’avance sur l’horaire, un cortège de sonnettes annonçait l’arrivée de 70sourires embarqués sur des deux-roues. Certains plus rougeoyants que d’autres, mais tous heureux d’être là et de pouvoir découvrir et partager des pratiques professionnelles multiples et diverses.

>> A lire aussi : trois questions autour du cyclo-biblio 

A peine descendues de leur vélo, Elizabeth et Véronique se sont enquises du mot de passe du réseau wi-fi: pas de temps à perdre pour poster sur les différents réseaux sociaux leurs impressions après ces premiers coups de pédales: «Pour donner envie à ceux qui ne sont pas de la partie et les inciter à nous rejoindre l’an prochain!» Une fois le mot de passe transmis et les cyclistes désaltérés et rafraîchis, le rituel de la partie officielle a eu lieu: mot de bienvenue des bibliothécaires accueillants, remerciements des cyclo-bibliothécaires par la voix de leur présidente, Lara Jovignot, et intervention des acteurs locaux au sujet des spécificités du lieu visité. Puis la bibliothèque s’est transformée en une joyeuse ruche, bourdonnant de mille questions sur les pratiques locales.


«Une bibliothèque, ça sert à quoi?»


A chacune des étapes, l’un des participants a aussi pris la parole pour donner sa vision du métier et apporter un élément de réponse à la question: «Une bibliothèque, ça sert à quoi?». A Coppet, c’est Jean-Pierre, cycliste actif et bibliothécaire retraité, qui s’est exprimé. Cet habitué du peloton, qui en était à sa 4e participation en autant d’éditions, a conté avec humour la rencontre entre l’écrivain Michel Tournier et des jeunes du département du Gers, dans les années 1970. Les élèves, qui imaginaient disserter sur «Vendredi ou les limbes du Pacifique», avaient consciencieusement préparé leurs questions. Ils se sont retrouvés, au final, à réfléchir avec l’auteur sur la question: «C’est quoi une île déserte?». L’écrivain tenait ainsi à illustrer le rôle fondamental que les bibliothèques ont à jouer, selon lui, dans la stimulation de l’esprit critique.

A Rolle

A Rolle, le lendemain matin pour l’arrêt café-croissant, Marie-France d’Epinal a posé la question suivante à l’assemblée: «Et si ma bibliothèque pouvait rendre le monde meilleur?» Ce faisant, elle a présenté le développement d’une nouvelle section au sein de son lieu de travail: après la ludothèque et la médiathèque, voici venu le temps de la «grainothèque».  

Pour Marie-France d’Epinal, le fait de collectionner et de faciliter le partage de semences est un acte qui peut tout à fait s’associer au rôle à jouer par une bibliothèque. Il permet, d’une part, de découvrir des graines inattendues et, d’autre part, de participer à un acte politique fort qui permet de contribuer à une société plurielle. «Une graine, finalement, c’est un peu comme un livre: tout sec en apparence mais cachant une vie foisonnante à l’intérieur», a-t-elle imagé.

A Morges

La balade s’est poursuivie jusqu’à Morges où, mardi après-midi, Eddy, de Belgique, l’un des participants, a présenté un album pour enfants sans texte et a démontré de quelle façon le livre peut «permettre d’éveiller les sens et l’imaginaire». 

Les cyclo-bibliothécaires sont ensuite allés à la rencontre du public en ville et sur les quais, histoire de faire connaître leur action, de partager leur passion des livres et de convaincre les plus réticents à pousser la porte de leur bibliothèque. Cet après-midi était également l’occasion d’offrir aux passants les ouvrages qu’ils avaient emmenés avec eux et de rappeler qu’à Morges aussi, la bibliothèque sort de ses murs pendant l’été avec son Estilivres à la piscine durant les deux premières semaines de juillet.


«une bibliothèque, c’est bien plus qu’une histoire de livres»


Cyclo-biblio c’est aussi – et avec cette chaleur on serait tenté de dire surtout – un engagement physique, avec une certaine prise de risques. Coline l’a appris à ses dépens: une mauvaise chute à l’arrivée à Rolle lui a valu six points de sutures au genou et quelques bonnes éraflures qui ont mis fin à sa semaine de cycliste. Pour sa première édition, la jeune bibliothécaire du Havre était déçue, mais pas question d’abandonner. Elle a poursuivi sa semaine en voiture avec la jeune équipe logistique, des étudiants de la HEG Genève. Depuis octobre, ils ont planché sur le projet et se sont occupés de la communication mais aussi de la mise en place de l’itinéraire, de la recherche des lieux d’hébergement, du transport, des bagages ou encore de la mise à disposition des vélos pour les participants.

Mardi en fin d’après-midi, après avoir démontré qu’en effet, «une bibliothèque, c’est bien plus qu’une histoire de livres» et que ça peut même devenir une histoire de cyclistes, les bibliothécaires ont repris la route pour poursuivre leur périple en direction de Lausanne sous escorte policière, à vélo elle aussi! 

 

par Véronique Lorenzini

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