Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Blaireau et superfétation

Retrouvez la chronique de Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne.

23 déc. 2018, 11:30
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Le blaireau d’Europe reste répandu dans notre pays bien qu’il ait subi de nombreuses persécutions. Si le blaireau est aussi connu que le renard, il se laisse voir bien moins souvent car il est quasi exclusivement nocturne.

On connaît le blaireau par sa démarche pataude et sa vie en famille dans des terriers immenses. Ce mustélidé mérite aussi d’être connu pour son mode de reproduction très rare dans la nature. Tout d’abord la femelle présente une gestation différée, comme seulement 2% des mammifères du monde.

Alors que chez l’humain, l’embryon va s’implanter dans l’utérus au bout d’une semaine pour y continuer sa croissance, chez le blaireau l’ovule fécondé reste en attente pendant plusieurs mois avant de se fixer dans l’utérus. La fonction de cette pause est de permettre que la naissance des petits, puis leur sevrage, se fassent au moment où la nourriture est la plus abondante. Plus remarquable encore: le blaireau appartient à l’une des cinq espèces de mammifères au monde qui utilisent la stratégie de superfétation.

Grossesses simultanées

La superfétation est la possibilité pour la femelle de commencer une nouvelle grossesse alors qu’elle est déjà porteuse d’un embryon.
Il y a plus de 2000 ans, les grecs Aristote et Hérodote avaient déjà remarqué cette forme d’adaptation chez le lièvre. Une femelle blaireau ou lièvre peut ainsi avoir ainsi en gestation dans son utérus des fœtus d’âges différents, et également de pères différents. Chez les autres mammifères, une nouvelle ovulation est normalement inhibée lorsque la gestation a commencé. Notamment, le corps jaune puis l’utérus produisent une hormone, la progestérone, responsable de cette inhibition.

L’intérêt de cette superfétation serait de permettre aux femelles d’avoir plus de petits par an. Dans le cas du blaireau, une autre hypothèse est avancée. Les petits pouvant être de pères différents, cela permettrait d’éviter les infanticides par les mâles, incapables de différencier leurs enfants des autres.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias