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Carmine Ricciardi: une vie digne de Cinema Paradiso qui s'est conclue au Capitole de Nyon

Il y a vingt ans s'éteignait Carmine Ricciardi, l'homme à qui l'on doit les salles obscures de la rue Neuve, à Nyon.

27 nov. 2014, 00:01
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Il y a vingt ans jour pour jour, l'émotion était palpable à Nyon, particulièrement à la rue Neuve où trône le cinéma Capitole. La veille, samedi 26 novembre 1994, le Monsieur Cinéma de Nyon, Carmine Ricciardi, était passé de l'autre côté de l'écran, lâché par son coeur extrêmement sollicité au cours de 64 années d'hyperactivité et de passion pour le septième art.

Deux décennies plus tard, bien des pellicules ont été déroulées dans la cabine de projection mais l'héritage n'a pas disparu puisque le cinéma Capitole est toujours bien vivant. "Et il est certain que sans ces deux salles à disposition, aucun repreneur n'aurait été intéressé" , relève le syndic Daniel Rossellat.

 

Une biographie? Non, un scénario!

 

La biographie de Carmine Ricciardi a tout d'un scénario. Le premier plan a pour décor la ville de Salerne, près de Naples. "La naissance et la survie de mon mari tient déjà du miracle de Noël" , relate sa veuve, Grazia Ricciardi. Naître prématurément - après sept mois de gestation seulement - dans une région pauvre de l'Italie en 1930 laissait en effet bien peu de chance de survie. "Mais comme cela est survenu un 24 décembre, tout le monde a parlé d'un miracle de Noël" , poursuit sa complice de toute une vie.

A l'image de Toto, le jeune héros du film "Cinema Paradiso", Carmine est pris dès sa tendre enfance par le virus du septième art qu'il ne peut pas se payer. Comme Toto, le petit Ricciardi se glisse dès qu'il le peut dans la cabine de projection du cinéma de son village. Il acquiert ainsi un savoir-faire qui lui sera bien utile plus tard.

Mais la vie, ce n'est pas du cinéma. Aîné d'une fratrie de neuf enfants, orphelin de père, il se retrouve contraint de porter financièrement sa famille dès l'âge de 12 ans. Il jongle alors entre un soupçon d'école, du labeur manuel, histoire de ramener de l'argent à sa mère et son indécrottable passion pour le projecteur et la pellicule.

Habile de ses mains, il est appelé à travailler comme serrurier du côté de Milan. Mais son coeur reste attaché à cette charmante Grazia restée, dans le sud, près de sa ville natale. Il épouse Grazia en août 1962 et un mois plus tard, le couple s'installe dans la banlieue bâloise où l'on appelle de la main-d'oeuvre à tour de bras. "Ma maman y a fait une petite déprime, raconte sa fille cadette, Alma. Elle a repris goût à la vie quand mon père a trouvé de l'embauche et déménagé sur les rives du Léman en 1963. Ma soeur est née neuf mois plus tard..."

Le serrurier ne tarde pas à retrouver le chemin des salles obscures. Embauché comme opérateur, il oeuvrait tantôt au Capitole, tantôt au cinéma Rex, à côté de la Croix-Verte. "Il a pris de la place dans l'entreprise et s'est vu confier la direction de l'une, puis de l'autre salle nyonnaise" , se souvient sa veuve. Patiemment, l'Italien acquiert des actions du Rex jusqu'à en devenir propriétaire. Dans le même élan, Carmine Ricciardi devient majoritaire au sein de la société anonyme du Capitole. Grâce à la vente de l'immeuble abritant le Rex et après avoir affronté plusieurs vagues d'oppositions, il parvient enfin à transformer le cinéma de la rue Neuve 5 et y glisser deux salles, au début des années 1990.

"Faute de formation scolaire, il a construit son savoir tout seul" , souligne, encore admirative, Grazia Ricciardi. Il n'en oubliait pas l'importance de la formation professionnelle qui lui avait permis de se hisser au rang de patron, fort d'une maîtrise fédérale.

 

Carmine était "Cavaliere" de l'Etat italien

 

Il s'engagea dans la création d'une école professionnelle pour la serrurerie dans sa région de Salerne. A Nyon, il organisa les premiers cours de français pour ses compatriotes immigrés.

En 1987, Carmine Ricciardi devient "Cavaliere", chevalier de l'ordre de la République italienne. Cette récompense saluait le dévouement et l'esprit d'entreprise du Monsieur Cinéma. Si l'on mentionne encore les qualités de marketing, ses initiatives pour distraire les jeunes Nyonnais et ses engagements dans les oeuvres caritatives, on comprend que le coeur du petit Italien avait été bien sollicité. Ajoutez à cela un goût immodéré pour les petits cafés - parmi les meilleurs de la ville - et son brusque décès dans son Capitole paraît inéluctable.

Carmine Ricciardi n'était pas du genre à faire les choses à moitié et il y a fort à parier que depuis vingt ans, il ait retrouvé sa place de projectionniste au... Cinema Paradiso!

Une place à son nom à Nyon

Pareil engagement pour la vie culturelle, sociale et caritative à Nyon mériterait bien que la ville consacre une rue ou une place à son nom. Nous vous invitons donc à marquer votre soutien à cette démarche et à partager avec nous vos souvenirs de ce Monsieur Cinéma qui reste bien présent dans nos mémoires. Et n'hésitez pas de participer à notre sondage!

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