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Château de Prangins: une expo célèbre les 150 ans de l'émancipation juive

Le Musée national accueille une exposition de quinze portraits photographiques pour célébrer un demi-siècle d'égalité des droits pour les citoyens juifs de Suisse.

19 août 2016, 16:51
Deux personnalités helvétiques d’origines juives figurant dans l’exposition: Doris Cohen-Dumani, ex-directrice de la Police lausannoise, et Ruth Dreifuss, ex-conseillère fédérale.

Joueur de cor des Alpes, présentateur télé, star du X. En cette fin d’été, le Musée national de Prangins met en lumière la pluralité de parcours des citoyens suisses de confession juive, pratiquants ou non. Cette exposition, intitulée «Juifs de Suisse: 150 ans d’égalité» et conçue par la Fédération suisse des communautés israélites, se présente sous forme de quinze portraits photographiques, tous signés du Bernois Alexander Jaquemet.

Sur ces images grand format, on croise des anonymes, de tout âge et de toute couche sociale, mais aussi des personnalités. A l’instar de la Genevoise Ruth Dreifuss, conseillère fédérale de 1993 à 2002, présente au Château jeudi soir à l’occasion du vernissage. «La diversité que l’on trouve parmi les juifs de Suisse est aussi riche que celle du reste de la population. Cette exposition révèle que tous sont porteurs d’identités multiples», s’est-elle réjouie. Et de conclure par cette phrase de l’écrivain libanais Amin Maalouf: «Essayer de réduire quelqu’un à une seule identité est un acte meurtrier.»

Réalité plurielle

Cette pluralité, on la saisit notamment face au portrait de Jedidjah Bollag, 35 ans, avocat à Winterthour et membre de l’UDC. «Faire de la politique à droite, comme je le fais, est encore un tabou pour de nombreux juifs, surtout pour les générations plus âgées, raconte-t-il dans la notice qui accompagne son cliché. C’est seulement quand il sera naturel qu’un juif puisse être fier de sa patrie, la Suisse, et souhaiter préserver ses traditions que l’on pourra affirmer: après 150 ans, nous avons atteint une égalité complète.» 

Une réalité qui n’est pas ressentie de la même manière par Ariel Wyler, photographié en tenue militaire. Ce Zurichois de 52 ans, pratiquant, est ingénieur à la ville et officier à l’armée. Il explique: «Que je sois à l’armée ou dans le civil, le Shabbat est sacré pour moi. Quand le soleil se couche le vendredi soir, je n’accomplis plus aucune tâche, jusqu’à ce que les trois premières étoiles apparaissent dans le ciel du samedi soir […] dans l’armée suisse, nous les juifs jouissons de l’égalité des droits à 100%.»

Une fête nécessaire

Durant la visite, on découvrira encore le Bernois Jean-Paul René Lob, première star érotique israélite du pays, ou l’ex-directrice de la Police lausannoise, Doris Cohen-Dumani. En résumé, des citoyens parfaitement intégrés qui possèdent chacun leur propre rapport à la judéité.

Face à ces modèles de réussite, on se questionne: les juifs de Suisse craignent-ils encore pour leur statut dans le pays? Oui et non, répond l’écrivain zurichois Charles Lewinsky, présent au vernissage. «Nous pouvons nous réjouir des progrès qui ont été accomplis. Mais si l’égalité était véritablement achevée, nous ne devrions plus avoir à la fêter.»

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