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"Chez lui", Dieudonné rassure

Le polémiste français a joué deux fois son spectacle "Asu Zoa".

04 févr. 2014, 15:01
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info@lacote.ch

Le premier est arrivé à 16 heures. Sur un banc devant le Théâtre de Marens, un jeune homme pose un ananas et deux bouteilles de vin. Aucun doute possible, c'est un fan du polémiste. "C'est le meilleur humoriste de tous les temps après Coluche!" , dit-il.

Il s'appelle David, vit chez ses parents à Lausanne. Il parle vite, fort, s'amuse à faire une quenelle avec un membre du staff de Dieudonné, assure connaître ce dernier, fanfaronne. Il affirme avoir vendu 4 places à 450 francs. En multipliant par 10 le prix de vente initial, il raconte avoir acheté un billet d'avion pour Bangkok. De quoi faire pâlir d'envie deux autres personnes arrivées elles aussi très en avance, mais pour dégoter une place.

 

En quête de dialogue

 

A quelques mètres de là, un peu en retrait, la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation, la CICAD, commence à monter son stand. Comme l'explique son secrétaire général Johanne Gurfinkiel, ils sont prêts à toutes les confrontations... Le leader de la CICAD ne se déplacera jamais sans être suivi de près par un garde du corps.

 

Pas de tunnel

 

La sécurité de Dieudonné n'avait pas non plus été négligée. Il était prévu qu'il rejoigne sa loge en passant par les abris antiatomiques sous le préau, mais les photographes postés devant l'entrée de l'abri ont chamboulé les plans. C'est par la grande porte que l'humoriste s'est engouffré prestement dans le théâtre.

Vers 18 heures, alors que la nuit tombe, le public afflue. Au stand de la CICAD, on tend des brochures et une pétition intitulée "La liberté d'expression dévoyée". "Nous sommes là pour rappeler que les propos racistes et antisémites sont condamnables, mais aussi pour parler avec les fans de Dieudonné" , explique Johanne Gurfinkiel.

Parmi les fans, quelques-uns acceptent le dialogue. Dont David, évidemment. La bouteille à la main, il fait front à la CICAD et aux caméras venues les encercler. "Dieudonné fait rire, c'est tout!" Quand on lui demande pourquoi il trimballe un ananas, il répond qu'il n'y a rien de grave dans ce symbole de ralliement des pro-Dieudonné. Les membres de la CICAD tentent de lui faire comprendre la provocation sous-jacente (ndlr: l'ananas s'étant imposé après le sketch Shoananas).

David rejoint alors d'autres fans devant l'entrée. Il lance alors une ode à la quenelle sur l'air du "Chant des partisans." La foule a néanmoins de la réticence à l'entonner franchement avec lui, malgré plusieurs tentatives. La température ambiante avait de quoi refroidir.

 

Sécurité et médias

 

Sans être ostentatoire, la présence policière était bien visible: à la maréchaussée nyonnaise s'ajoutaient des agents de sécurité en civil, veillant attentivement à toute étincelle pouvant allumer un foyer d'agressivité. Il semblerait que d'autres forces en renfort soient également cantonnées, loin des regards, à l'intérieur de l'établissement scolaire.

Plus nombreux que les agents en uniforme, les photographes et cameramen tentent de se glisser quelque chose dans l'objectif, mais même les efforts du fameux David pour animer l'attroupement devant l'entrée ne prend pas.

Vers 19 heures, dans la file, l'ambiance n'est pas franchement à la rigolade attendue. Mais chacun se montre prompt à répondre quand un journaliste dégaine un micro ou une caméra. Le discours est immuable: "C'est de l'humour, laissez-nous passer un bon moment de rigolade." Et si l'égo est flatté par l'intérêt des médias, on sent poindre une note d'exaspération. Quelques clameurs "journalistes, collabos" fusent sous le couvert.

A 19h30, les portes ouvrent enfin. Et David, premier fan de l'après-midi, entre en chantant et en brandissant son ananas. Le manager suisse de Dieudonné intervient: "Non, non, non, pas de ça!" Le fruit est saisi. Le manager s'inquiète alors de la mauvaise image que pourrait donner ce fan.

Quelques rangs derrière David, s'installent un ancien élu fédéral, ainsi que des représentants de la ville. Dieudonné s'est produit dans le calme, mais sous la plus haute surveillance.

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