Colère et incompréhension. Tels sont les sentiments que ruminent Jean-Marc et Fabien Sordet, vignerons à Luins, depuis qu’ils ont constaté, en début de semaine, la destruction de dizaines de pieds de vigne fraîchement plantés, à Coinsins.
«Cet acte est clairement inacceptable. Si quelqu’un nous en veut, qu’il vienne plutôt s’expliquer à la cave», tonne le jeune viticulteur, alors que son employé, Marco Coelho, pioche et brasse terre et cailloux, pour remplacer les ceps condamnés.
Sur cette ligne plantée il y a une année, le nombre de victimes de ce massacre végétal se chiffre à 51 jeunes ceps de pinot noir. Sectionnés net à mi-hauteur du porte-greffe, ceux-ci n’ont jamais pu déployer leurs premières feuilles, .
Un méfait datant de mi-avril
«Je les avais taillés fin mars et les dégâts n’ont été constatés que cette semaine, relate Fabien Sordet. Comme la végétation n’a pas pu démarrer, j’estime que cet acte a été commis aux alentours du 15 avril.»
Ce n’est pas forcément la perte financière qui fâche les vignerons de Luins, même si à 3 francs 20 le plant et plusieurs minutes pour déraciner et remettre en terre un nouveau «barbu», ce dégât a tout de même son coût. «J’aurais encore préféré que cet individu malintentionné s’attaque aux câblages qu’aux végétaux. Ces pinots noirs avaient bien pris leur place et auraient commencé à donner du raisin aux vendanges 2020. Là, nous devrons patienter un an de plus», déplore l’ancien défenseur du Lausann-Sport et du Stade Nyonnais.
Pas de motif apparent
Les Sordet ont monté ces quinze dernières années un domaine qui compte aujourd’hui 15 hectares de vignobles, dont cette parcelle coinsinoise, dans le quartier de la Bassire. «Y a-t-il des jaloux? Cette destruction nous visait-elle vraiment?» s’interroge le fils de l’ancien syndic de Luins.
La ligne de vigne visée est nouvelle. Elle délimite le bas du champ qui avait accueilli plusieurs centaines de délégués de l’UDC pour une fameuse Landsgemeinde enneigée en décembre 2010. «Cette vigne remplace une vieille barrière fichue. Je ne vois pas en quoi, elle gênerait», poursuit Fabien Sordet.
Coup de gueule retentissant
Pour l’heure, père et fils ne songent pas forcément à déposer plainte. «On a poussé un coup de gueule sur Facebook. Le retentissement est impressionnant avec plus de 30’000 personnes atteintes. Mais va-t-on vraiment perdre du temps en procédure? Pas sûr», indique le vigneron.