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Cossonay, Aubonne et Nyon abritent de petits poucets aux reins solides

Les microbanques vaudoises ne sont pas sorties indemnes de cinq ans de taux négatifs. Ces cinq établissements séculaires, presque uniques en Suisse romande, subissent une pression sur les marges comme l’ensemble du secteur, mais leur vocation régionale et la fidélité de leur clientèle semblent les protéger des affres du tourisme bancaire.

13 janv. 2020, 15:15
Les microbanques vaudoises, comme les caisses d'épargens de Nyon, Aubonne et Cossonay, demeurent solides après cinq ans de taux négatifs.

Ponctionner les comptes alors que la notion d’épargne fait partie intégrante de votre identité depuis le XIXe siècle, la perspective a de quoi donner des cheveux blancs aux patrons des microbanques vaudoises. «On se demande qui sera le premier à prélever les taux négatifs sur l’épargne, puisqu’on sait que ce ne sera pas nous», note Alexis Rochat, qui dirige la Caisse d’épargne de Cossonay.

Abaissés le 15 janvier 2015 par la Banque nationale suisse (BNS), les taux négatifs ont graduellement contraint les établissements suisses à rogner la rémunération des comptes, la réduisant pratiquement à néant en l’espace de cinq ans. Les grandes banques UBS et Credit Suisse, appliquent désormais le taux zéro pour les comptes salaires.

«Un bol d’air»

Dans ce contexte, les caisses d’épargne d’Aubonne, de Cossonay, de Nyon et de la Riviera, ainsi que le Credit Mutuel de la Vallée de Joux ont maintenu une rémunération légèrement plus élevée que la moyenne suisse, sans provoquer un appel d’air qui leur aurait coûté cher. Ces établissements sont très modestes, avec des sommes au bilan comprises entre 190 et 600 millions de francs.

Certaines de ces microbanques ont ainsi géré leurs liquidités de sorte à ne pas payer – ou pratiquement pas – un intérêt négatif sur les avoirs déposés à la BNS. Pour d’autres, la facture a été salée. «Les premières années, nous avons versé 50 000 francs. En 2019, nous serons proches de 100 000 francs, soit près de 10% de notre bénéfice», déplore Antonio Circelli, directeur de la Caisse d’épargne de Nyon. Du côté de la Caisse de Cossonay, les taux négatifs ont coûté 54 000 francs en 2018, pour un bénéfice net de quelque 800 000 francs.

L’argent est devenu trop bon marché.
Joël Augsburger, directeur du Credit Mutuel de la Vallée

La récente décision de la BNS d’adapter la base de calcul pour le prélèvement de l’intérêt négatif a été accueillie par un soulagement unanime des cinq microbanques, même celles qui ne payaient rien. «C’est un bol d’air. Cela nous permet de dire à nos clients qu’ils n’ont pas de souci à se faire avec les taux négatifs chez nous», souligne Joël Augsburger, directeur du Credit Mutuel de la Vallée.

Concurrents agressifs

Confinées à leur marché local respectif, les cinq établissements subissent une concurrence féroce, notamment des acteurs non bancaires. Les assurances, qui veulent se défaire de leurs abondantes et coûteuses liquidités, figurent parmi les institutions les plus agressives, en proposant des taux de crédit extrêmement bas. «Nous souffrons beaucoup», concède Alexis Rochat.

A lire aussi : La Caisse d’Epargne d’Aubonne reste la meilleure banque de Suisse

Pas question cependant de faire des concessions. «Nous restons stricts dans nos critères d’octroi. (…) Certains clients ne comprennent pas toujours», constate Olivier Thibaud, qui dirige la Caisse d’épargne d’Aubonne. «Nous n’avons pas assoupli nos conditions», note le patron de la Caisse de la Riviera, Alexandre Gauthier-Jaques.

L’érosion de la marge d’intérêt est inévitable, mais les cinq banques, toutes indépendantes les unes des autres, ont réussi à limiter les dégâts. Par exemple, la Caisse d’épargne de la Riviera affichait à fin 2019 une marge à un bon niveau de 1,32%, bien loin toutefois du 1,55% atteint en 2015.

«L’argent est devenu trop bon marché. On commence à perdre la notion de valeur. Le leasing d’une voiture coûte parfois plus cher que le loyer de la maison», déplore Joël Augsburger. Les gens négocient davantage, mais cela ne pose de problème particulier, à en croire Antonio Circelli. «Nous n’avons pas vraiment de tourisme bancaire, des clients qui font le tour des banques pour trouver le meilleur de taux.»

Les dirigeants de ces petits poucets du secteur demeurent confiants grâce à leur ancrage régional respectif. «En termes de volumes, notre clientèle hypothécaire est à 10% agrico-viticole. Taux négatifs ou pas, elle est très fidèle et honore rubis sur ongle ses engagements», affirme le patron de la Caisse d’Aubonne.

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