Elle avait tout juste 20 ans quand elle a foulé pour la première fois le sol helvétique. Jeune mariée, Agata Carbone quittait sa Sicile natale pour un avenir meilleur. "Je ne parlais pas un mot de français et surtout je ne connaissais pas votre monnaie, de sorte que je n'osais pas sortir seule. J'attendais mon mari pour aller faire les courses."
Au bout de quelques mois d'inactivité forcée, elle a trouvé cette place à la lingerie de l'hôpital psychiatrique de Prangins. Et aujourd'hui, après quarante ans, elle s'y trouve toujours sans que la lassitude ne la rattrape.
De bonne composition, elle a vécu de nombreux changements au sein de l'établissement. "Au début à la lingerie nous étions 13 personnes, presque toutes des Italiennes, de sorte que je n'ai pas eu le besoin d'apprendre rapidement le français. Nous lavions tout le linge des draps aux effets des patients. Nous avions de...