Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Dinemec: fin de la grandiloquence

Après des années de vaches grasses, la crise du marché du disque aura eu raison des studios d'enregistrement de Dinemec SA, en liquidation judiciaire.

03 mars 2014, 08:58
data_art_7843412.jpg

rhaener@lacote.ch

C'était en 2005, alors que la crise du disque n'était encore qu'une rumeur: Paul Sutin, bien ancré dans le milieu musical, ouvrait à Gland Dinemec Studios. Une infrastructure hors norme conçue pour concurrencer des studios internationalement réputés comme le mythique Abbey Road de Londres. Dans cet "hangar" de la rue de la Paix, se tient ainsi, entre autres, une gigantesque salle pouvant accueillir des orchestres philharmoniques: modulable, celle-ci permet aussi de faire venir 500 convives assis. Une infrastructure complétée par deux autres chambres d'enregistrement, plus petites. Un instrument de travail idéal pour un chanteur mondialement connu installé au bord du Léman: Phil Collins. L'Anglais de Féchy, qui ne souhaitait alors plus s'éloigner de sa famille pendant des semaines pour enregistrer ses disques, a donc fait venir son staff à Gland. Ainsi, quand Disney le mandate pour enregistrer des bandes-son de dessins animés, c'est au bord du Léman qu'il fait venir toute l'équipe de production américaine, choristes inclus. Aussi, son dernier album "Going Back" (2010) aura été entièrement enregistré à Gland pendant une session longue de trois mois. D'autres stars (Alicia Keys, Pink) sont également passées par Gland, sans qu'on puisse vraiment savoir la nature de leur présence: elles seraient davantage venues pour visiter que pour enregistrer. Un autre gros client du studio aura été... Orianne Collins. L'ex-femme du batteur-chanteur de Genesis louait régulièrement les services de Dinemec pour sa fondation Little Dreams, dont le but est de permettre aux enfants ayant un don (musique ou sport) de le perfectionner. Enfin, autre fortune locale, Kirsty Bertarelli (femme d'Ernesto), a également fréquenté assidûment les studios Dinemec durant la période faste.

 

Fin du rêve

 

Seulement voilà: la technologie a permis l'avènement du home-studio (un ordinateur suffit "presque" à enregistrer un disque, désormais), internet a fait sombrer l'industrie du disque et, surtout, Phil Collins a recentré ses activités aux Etats-Unis, tout comme son ex-femme. Il n'en fallait pas plus pour que, à l'interne, les querelles grandissent. A certains ingénieurs du son affirmant n'avoir pas été payés à plusieurs reprises s'ajoutent des tensions entre Jim Halley, producteur, et le patron Paul Sutin. La période de déclin se traduit également par du matériel ne pouvant plus être réparé et par des rabais importants accordés aux artistes afin qu'ils viennent enregistrer.

Privés de ses "gros" clients, Dinemec voit dans l'organisation de galas et concerts privés un bon moyen de faire rentrer des liquidités. Une sortie d'entreprise pour 500 personnes, agrémentée de la présence d'une star venant chanter quelques minutes, Dinemec le proposait régulièrement aux sociétés aisées de la région.

Aujourd'hui, l'histoire prend donc fin pour Paul Sutin (dont le frère John reste propriétaire de la parcelle de 3500 m 2 ): la société anonyme Dinemec SA est placée en liquidation. "Depuis deux ans, nous avons tout tenté pour trouver des solutions afin de redresser la barre, explique Andrea E. Rusca, avocat de la famille Sutin, basé à Nyon . La SA est en liquidation, mais l'infrastructure des studios demeure et il sera encore possible d'enregistrer ainsi que d'organiser des galas. Que les gens intéressés me contactent." En somme, l'exploitant ferme boutique, mais les murs demeurent. Avis aux amateurs.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias