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Elle s'improvise réalisatrice

A 17 ans, Lorena Scagnetti achève le tournage d'un court-métrage sur la Première Guerre mondiale à Nyon.

03 avr. 2013, 00:01
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info@lacote.ch

C'est une jeune fille passionnée et un peu décalée. Férue de théâtre, fan de latin et accro à l'histoire. "On n'a pas idée de faire du latin!", lance-t-elle avec autodérision. Rien de très fun en effet. Lorena Scagnetti, 17 ans, est une jeune fille d'une autre époque. Pour la journée de l'élégance du gymnase, au moment où on la rencontre, elle est affublée d'un look un brin rétro qui colle à son personnage. Avec son épaisse frange au-dessus des yeux et sa robe sombre, on l'imagine aisément dans une pièce de théâtre classique.

Cette Nyonnaise aime la Belle Epoque et le XIX e siècle dans son ensemble, avec ses grands bouleversements. "Ce n'est pas l'Histoire, c'est notre histoire." Elle s'intéresse surtout à la guerre et à ceux qui ne la font pas, qui tentent de continuer à vivre. "La Première Guerre mondiale, la vie à l'arrière": c'est le titre d'un travail présenté à sa classe avec sa meilleure amie. Elle était alors en 9 e et avait 15 ans. Un simple exposé sans idée derrière la tête. Mais quand on est mordu, on est mordu. L'exposé devient pièce de théâtre et est baptisé "Février 1916". Car Lorena écrit. Des ébauches de romans ou des textes dramatiques: elle a, dans son ordinateur, des tas de projets inachevés.

 

Du travail d'école au scénario de film

 

Avec "Février 1916", il va en être autrement. Après quelques adaptations, l'an dernier, la pièce tirée de l'exposé devient scénario. "Je pensais d'abord que ce serait un petit film entre amis, que nous ferions avec un appareil photo. Mais ça a pris de l'ampleur..." Le temps de rassembler les bonnes personnes, de passer quel ques coups de fil et le tournage est en marche. Avant même de comprendre ce qui lui arrive, Lorena se retrouve aux commandes de la réalisation d'un film. "Ça s'est fait pas hasard , dit-elle. C'était la suite logique des choses. Quand j'ai écrit à la Ville de Nyon pour la demande de subventions, je me suis rendue compte de ce qui était en train de m'arriver."

La commune apporte quelques centaines de francs au projet, le gymnase prête le matériel. Des amis comédiens, d'autres qui aident à la technique, et l'équipe est au complet. Avec Nyon comme décor, cinq acteurs principaux - dont elle-même pour un des rôles - et une vingtaine de figurants qui se sont rassemblés à plusieurs reprises. Même son prof de théâtre, au Conservatoire de l'Ouest vaudois, apparaît sur les images comme soldat unijambiste. Dans la villa Niedermeyer, mise à disposition par l'association, ils jouent les scènes intérieures. Près du temple, ils s'occupent des extérieures, reconstituent un marché d'époque. Désormais, presque tout est en boîte. "Il nous reste à tourner une scène de mariage et un bal de village. Pour ça, nous cherchons encore des figurants." Le court-métrage, d'une trentaine de minutes, devrait être terminé à la fin de l'été. Lorena prendra alors des contacts pour organiser des projections.

Elle découvre le cinéma en amateur et sur le tas. Et s'entoure du mieux qu'elle peut pour raconter l'histoire qu'elle a écrite. Dans "Février 1916", la jeune Liliane est atteinte de tuberculose et communique par courrier avec son mari parti au front. Son médecin tombe amoureux d'elle et va finalement se faire passer pour son époux mort au combat. Il lui écrit des fausses lettres, qu'il lui lit avec amour .

 

Inspirations

 

Le scénario est proche d'un "Cyrano de Bergerac". Edmond Rostand? Lorena Scagnetti baisse la tête, comme prise en flagrant délit. Oui, c'est sa référence. Avec emballement, elle parle d'auto-mise en scène du personnage. Elle parle de sciences. Et de religion. Dans "Février 1916", il y a un jeu de pouvoir entre le médecin et la soeur de l'héroïne, dévote et "vieille peau". Lui croit pouvoir tout soigner, elle veut prier à tout prix. Chacun échoue face à la guerre. Pour Lorena, sciences et religion s'opposent encore aujourd'hui, mais ce n'est pas notre époque qu'elle connaît le mieux. Et elle décide de ne pas en dire plus.

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