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Gland: un petit atelier aux grands effets

Depuis dix ans, «l’atelier urbain» fait le lien entre bénéficiaires de la fondation L’Espérance et population glandoise.

22 févr. 2019, 10:23
Les bénéficiaires de l’Espérance, encadrés par des maîtres socioprofessionnels, assurent notamment le ramassage des déchets recyclables.

Neuf heures, un vendredi, ils sont déjà plusieurs à arpenter le parking de l’Avenue du Mont-Blanc 33 en quête de détritus. «Ils», ce sont Mikaël, Matthias, Thierry, Andréa, Marc, Julian, Anthony, Benoît, Sébastien, Prasanah… En moyenne, douze bénéficiaires — des personnes atteintes de déficience intellectuelle — de l’Espérance à Etoy œuvrent au sein de «l’atelier urbain». 

Créé il y a dix ans par Luc Berthoud, indépendant dans la décoration d’intérieur devenu maître socioprofessionnel (MSP), l’atelier est principalement axé sur le service d’utilité publique: gardiennage de l’immeuble, jardinage, montage puis livraison de meubles pour Ikea et mandat communal pour la récolte de déchets recyclables dans des écopoints. La déchetterie mobile se déplace aussi sur demande au domicile de personnes à mobilité réduite.

Un besoin d’apporter aux autres

A 9h45, on se met en route avec Jonathan Vetterli, MSP du jour aux côtés de Sébastien Begrard qui, lui, reste au local. Le jeune homme était horloger de formation mais a bifurqué «parce que j’avais besoin d’apporter aux autres», confie-t-il. Mathias, Thierry, Marc et Julian se serrent à l’arrière du camion rouge qui servira à transporter les déchets. Direction la Cité Ouest. Une autre équipe grimpe avec Mélanie Parent, stagiaire venue d’un autre atelier. Le Collège des Tuillières est en vue et Mikaël s’exclame: «Là, là!». Jonathan a failli manquer le tournant.

Il faut accepter nos différences. On est des êtres humains.
Prasanah participante à l’atelier

On installe remorque et sacs de tri puis l’encadrant rejoint le second écopoint à 300 mètres. Une première «cliente» traverse la pelouse et, avant de céder ses déchets, extirpe un magazine TV8 de son caddie pour le tendre à Andrea. «Elle me les garde pour les mots fléchés», précise cette dernière, souriante. Benoît, 24 ans, rejoint le groupe. Tout de suite il s’enquiert: «Andrea, on en est à combien de clients?», avant de consigner la réponse dans son grand cahier. Ensemble ils tiennent les comptes avec minutie.

Sur l’autre écopoint, les habitants du quartier défilent: le système est apprécié. Prasanah va au-devant des gens, joviale. Matthias porte les sacs et David plie les cartons. Mélanie affiche une mine heureuse. «C’est le premier boulot où j’ai l’impression de ne jamais travailler.» Avec Prasanah, elles parlent du futur. Formée à la cuisine, Prasanah est arrivée depuis peu à l’atelier. «Je viens d’avoir les clés de mon propre appartement à Nyon! Donc ça fait beaucoup de nouveautés à la fois, mais les autres m’apprennent plein de choses. Aussi, il faut accepter nos différences. On est des êtres humains.»

Encadrer et laisser vivre

Peu avant midi les deux équipes s’en retournent. Les tables sont déjà dressées dans la cuisine. «On va manger le plat du Mexique!» s’exclame Sébastien Begrard en entraînant Benoît dans une petite danse. Fajitas au menu: Andrea s’occupe de trancher les avocats. Pendant le repas, les MSP restent attentifs. «On cadre beaucoup le rapport à la nourriture. Par exemple on veille à ne pas laisser une bouteille de sirop en vue, elle peut être vite finie», explique Jonathan.

On débarrasse et chacun jouit d’une petite pause. Derrière les baies vitrées, un jardin: Thierry prend le soleil au bord de l’étang, à l’ombre d’un gracieux saule tortueux. C’est Anthony qui se charge de vendre des paniers de légumes du potager à l’été. «Au début, il ne pouvait pas lier contact, maintenant il gère tout. L’accueil du client, la caisse», souligne Sébastien Begrard. Une évolution parmi d’autres permises par cet atelier atypique, fort d’un équilibre entre autonomie, encadrement, et joie de vivre.

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