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"C'est assez exceptionnel et spectaculaire de découvrir un aqueduc aussi bien conservé sur une telle longueur." Bastien Julita, responsable de la fouille archéologique de la Petite Prairie gratte, nettoie et surtout documente l'aqueduc romain mis au jour au mois de janvier. La découverte de cet ouvrage n'en est pas une en réalité. Puisqu'une série de sondages en 1995 avait permis de préciser son emplacement et son état de conservation. Mais aujourd'hui le regard l'a concrétisé sans en retirer sa valeur. A la suite du Plan de quartier "La Petite Prairie" situé au nord de la ville, Denis Weidmann, ancien archéologue cantonal commentait en 1995: "On ne connaît qu'une douzaine d'ouvrages de ce genre en Suisse, et celui de Nyon fait partie des plus importants, par la longueur de son tracé. (...) L'objet présente un intérêt confirmé pour l'archéologie et l'histoire régionale."
D'une largeur de 90 centimètres et d'une hauteur de 105 centimètres, la canalisation romaine est relativement bien conservée, dévoilant sur quelques mètres une voûte parfaite et solide, alors que la couche de terre qui la protégeait dépassait à peine les 50 centimètres. Les vestiges sont étudiés, par courts segments, pour ne pas retarder l'avancement du chantier. Entre dimanche et hier, un tronçon avait déjà été recouvert de terre afin de libérer un passage aux machines.
Un ouvrage qui a dormi durant 2000 ans
La structure a été construit au I er siècle après Jésus-Christ. Les trois archéologues, mandatés par la société Archéodunum aimeraient bien être moins approximatifs. La découverte de monnaies ou de céramiques serait précieuse pour dater plus précisément cet aqueduc qui reliait Nyon à Divonne sur 11 kilomètres. " La construction était enterrée, mais il est fort possible qu'à certains endroits, elle affleure la terre, voire qu'un tronçon soit à l'air libre pour enjamber un cours d'eau par exemple , note Bastien Julita. L'aqueduc assurait l'approvisionnement en eau potable - puisée à Divonne - de la ville urbaine (Noviodunum) grâce aux fontaines.
Selon Véronique Rey-Vodoz, conservatrice du Musée romain à Nyon, "il y a un intérêt scientifique à observer et reconstituer ce tracé. L'an dernier, à Divonne, la découverte de deux regards a permis d'avoir une meilleure idée de leur rythme."
Sauvegarde?
Situé sur une parcelle privée, l'aqueduc nyonnais ne sera probablement pas conservé. Selon le rapport de Denis Weidmann, " le report du tracé sur le plan montre que la réalisation du projet 1) ne laissera subsister que quelques dizaines de mètres d'un tronçon continu susceptible d'être mis en valeur et de constituer un point d'attraction et d'intérêt dans l'aménagement de l'espace public."
Opportunément, les promoteurs ont baptisé ce quartier "Voie romaine". Les bâtiments "Forum" et "L'Emporium" sont en cours de commercialisation. La sauvegarde d'un tronçon d'aqueduc permettrait au moins aux futurs habitants de comprendre naturellement pour quelles raisons leur immeuble porte un nom romain.
1) A terme, ce vaste quartier, comprenant une école, une piscine, un parc public, et des bureaux, notamment, devrait accueillir entre 3000 et 4000 habitants.