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Jean-Luc Godard, 90 bougies et du souffle

Le cinéaste franco-suisse, établi à Rolle, fête ses 90 ans jeudi prochain. Des rétrospectives marqueront cet anniversaire, essentiellement en Suisse alémanique. «Vif et lucide», selon son bras droit, le réalisateur travaille en ce moment à deux nouveaux longs-métrages.

26 nov. 2020, 15:51
Jean-Luc Godard a encore des projets qu'il entend mener à bien.

«Jean-Luc Godard va bien. Peut-être le cigare déjoue-t-il tous les virus», relève son collaborateur, le réalisateur Fabrice Aragno, contacté par Keystone-ATS.

Si le célèbre cinéaste n’a cure de son anniversaire, quelques événements vont marquer le coup, annonce son bras droit. Une petite tournée est prévue en Suisse alémanique où le «Livre d’image» n’a pas encore été présenté.

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Le cinéma Rex à Berne projettera le 3 décembre «Adieu au langage» (2014) qui sera exceptionnellement montré en 3D, ainsi que l’œuvre la plus récente du cinéaste, le «Livre d’image», Palme d’or spéciale à Cannes en 2018.

Festivals dans le monde

A cette occasion, Jean-Luc Godard a accepté d’en réaliser une version allemande intitulée «BildBuch». «Il parle beaucoup dans le film et il aurait été impossible de le doubler par une voix d’acteur», explique Fabrice Aragno. Des rétrospectives de son œuvre sont également prévues à Bâle et Zurich, ainsi qu’en Suisse romande, mais le Covid les retarde un peu.

L’exposition «Sentiments, signes, passions. A propos du livre d’image», qui s’est déroulée au château de Nyon, cet été, en marge de Visions du réel, a connu un grand succès. L’idée est de la faire voyager à travers l’Europe, si le virus le permet, ajoute le collaborateur.

Les films de Jean-Luc Godard seront également présents dans les festivals, ici et dans le monde. Quant à la Cinémathèque suisse, elle lui consacrera deux journées spéciales les 8 janvier et 11 février avec trois films emblématiques de sa carrière.

Différents

Concernant son activité créatrice, «deux projets sont en cours, posés sur la table de cuisine de Jean-Luc, ainsi que sur mes établis», révèle Fabrice Aragno. Il ne peut en dire davantage pour le moment, si ce n’est qu’il s’agit de deux films différents et qu’il a déjà commencé à tourner des images pour l’un d’entre eux.
 


Jean-Luc Godard reste «très vif d’esprit, de regard, de point de vue», souligne-t-il. Notamment «face au numérique qui nous ligote, nous lessive, qui lisse les images, le cinéaste donne à voir ce que l’on ne voit plus ou que l’on ne veut pas voir. Dans sa prolifique carrière, il n’a jamais fait le même film, mais sa lucidité est la même depuis le début», observe-t-il.

Une enfance à Nyon

Avec son esthétique filmique radicale, Jean-Luc Godard est l’un des réalisateurs qui a le plus marqué le cinéma, et ce bien au-delà des années 1960. Cofondateur de la Nouvelle Vague, il a rompu avec les canons cinématographiques pour créer un langage filmique expérimental qui lui est propre.

Né à Paris le 3 décembre 1930 de parents français d’origine suisse, Jean-Luc Godard passe son enfance à Nyon. Après des études d’ethnologie à Paris, il envisage de devenir écrivain, puis peintre avant de se lancer dans le cinéma.

Amateur de cigares et passionné de tennis, il a le goût de la provocation. Imprévisible, il semble prendre plaisir à jouer le trublion médiatique, parfois cynique et courtoisement misanthrope.

Œuvre foisonnante

L’artiste a signé une œuvre foisonnante. Il a tourné ou participé à près de 150 films et vidéos. L’un de ses longs-métrages les plus connus, «A bout de souffle» (1959), devient l’œuvre phare de la nouvelle vague. Suivent «Le Mépris» (1963), «Pierrot le Fou» (1965), «La Chinoise» (1967), «Sauve qui peut (la vie)» en 1980, «Prénom Carmen» (1983) ou les huit épisodes des «Histoire(s) du cinéma» (1988-1998).

Parmi ses muses figurent Anna Karina et Anne Waziemski qu’il épousera successivement, avant de devenir le compagnon de la Lausannoise Anne-Marie Miéville. Le couple est installé à Rolle depuis 1977.

En marge des modes

De manière croissante ces dernières années, ses films explorent passé et présent. En virtuose du montage, le cinéaste juxtapose documentaire, fiction, recherches formelles mêlées de références philosophiques, artistiques et de ruminations désenchantées sur le monde.

Lauréat de maintes récompenses, Jean-Luc Godard reste une énigme pour le grand public. En marge des modes, son travail dérange le flux habituel. «Il porte haut l’idée du cinéma, au contraire du cinéma commercial qui se complaît trop souvent dans le caniveau», note Fabrice Aragno. Les trois quarts de ses réalisations ont été des échecs commerciaux, ce qui ne l’empêche pas de continuer, même à l’âge de 90 ans.

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