Yves Portenier est un créatif au parcours classique: après avoir travaillé dans de grandes agences de communication, il décide de lancer la sienne. A Nyon, il crée Twist en 2008, dans un souci affiché de responsabilité sociale, d’inclusion et de développement durable. Démarche louable qui s’inscrit dans la tendance actuelle d’un business branché, engagé socialement, et soucieux de son image.
Mais quelques années plus tard, il approfondit sa démarche, et fonde Sweet Rebels, un atelier de graphisme et de design qu’il veut concrètement intégrateur. Rejoint fin 2013 par Isabel Montserrat, formée à la responsabilité sociale en entreprise à Barcelone, le tandem encadre deux fois par semaine quatre personnes en situation de handicap mental et deux stagiaires en arts visuels. Dont Alev Demir, réfugiée kurde, qui a récemment démarré un apprentissage de graphiste en Suisse.
Expression et indépendance
L’équipe s’est constituée pas à pas depuis septembre 2015, en collaboration avec les institutions de Lavigny et de l’Espérance (Etoy), les écoles de graphisme de la région et le service cantonal des réfugiés. «Nous cherchions une variété dans l’expression, des gens qui puissent s’investir à moyen terme et ayant acquis une certaine autonomie», explique Yves Portenier.
Dans le hall spacieux des nouveaux locaux de Sweet Rebels, à la route de Saint-Cergue, les graphistes en herbe s’activent. Sur la table, des pots de peinture, des crayons, du papier. Venu en train, Joakim Hoff dessine les contours de personnages sur un fond en arc en ciel; avec son bonnet de Noël sur la tête, Ursula Künzi multiplie les étoiles tandis que Caroline Faivre peaufine la rédaction d’une phrase.
Des réalisations qui viendront peut-être façonner l’identité graphique d’une institution, d’un commerce ou d’un événement. L’atelier a déjà mis son savoir-faire au service des bouteilles d’eau minérale d’Opaline Factory, du Lions Club La Côte ou de la société d’événementiel 47 Degrees. Dernier mandat en date: une signalétique pour le déménagement des Hôpitaux universitaires de Genève dans leur nouveaux bâtiments. Plusieurs affiches ont ainsi été créées à partir des dessins des quatre pensionnaires de Lavigny et de l’Espérance. «Le but, c’est qu’ils aillent où leur élan les porte; souvent, c’est très bon parce que c’est simple, une qualité essentielle pour un message publicitaire.»
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